La solidarité, forme concrète de la fraternité
de Jean-François Chalot

critiqué par Jemo, le 14 octobre 2021
( - 90 ans)


La note:  étoiles
Une plongée dans le réel
Dans notre fameuse devise républicaine (Liberté, Égalité, Fraternité) les deux premiers termes ont depuis longtemps occulté le troisième. Il est vrai que l’enthousiasme révolutionnaire de 1791 est vite retombé et qu’il a fallu attendre novembre 1848 pour que soient officialisés les trois principes républicains. La fraternité pose aujourd’hui problème aux néoféministes (la formule est « genrée ») ce qui a conduit en 2018 le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes à conseiller de substituer dans la Constitution au terme de « Fraternité », celui d’« Adelphité » ou de « Solidarité »
Texte


La plupart des Français sont aujourd’hui très attachés à une liberté dont ils jouissent en général pleinement, même si la moindre restriction provoque chez certains des réactions passionnées au nom du « je fais ce que je veux » qui semble à la base de l’éthique sociale de trop de nos concitoyens. Les mêmes oublient d’ailleurs souvent que la liberté de chacun s’arrête où commence celle du voisin.

Rousseau nous a persuadés que les hommes naissaient libres et égaux en droits, mais que la société avait engendré la servitude et les inégalités. Aussi a-t-il fallu lutter pour plus de liberté et d’égalité entre les hommes… Mais si, en France, nous sommes plus libres et plus égaux qu’hier, si les combats pour plus de justice ont permis de réduire les inégalités, elles ne sont pas près d’être abolies.

C’est pourquoi il convient en même temps de faire vivre la Fraternité concrètement, comme Solidarité. La vraie « Fraternité », c’est la solidarité active avec les victimes des circonstances ou de l’injustice sociale. On devient très rarement pauvre par choix personnel.

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J.F. Chalot est à nouveau le maître d'œuvre d'un petit livre de réflexions et de témoignages qui s’ouvre cette fois sur une analyse philosophique de son regretté père, instituteur républicain, à propos des notions de fraternité et de solidarité qu’il juge identiques et à la base de l’engagement des Francs-maçons…

Il se poursuit avec des textes divers et surtout des témoignages de l’action sociale militante, notamment du DAL (Droit au logement) en Seine-et-Marne, là où le fils se démène aujourd’hui sans relâche pour les démunis. Après toute une vie de militantisme syndical et politique, parvenu à l’âge de la retraite professionnelle, J. François en a eu assez d’attendre que les lendemains se mettent à chanter et il a voulu agir concrètement, ici et maintenant. Les restrictions liées au COVID ne l’ont pas arrêté. À son habitude, il a continué avec ses camarades à payer de sa personne – ce qui a failli lui coûter la vie ! – et les résultats de leur action de militantisme social sont tangibles. Ils n’ont pas toujours réussi dans leurs entreprises mais ils peuvent être fiers de ce qu’ils ont tenté et de leurs succès. Grâce à eux, bien des misères ont pu être soulagées, nombre de problèmes apparemment insolubles ont pu être résolus.

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L'auteur ne cherche ni une gloire littéraire ni la notoriété. Il veut avant tout témoigner et inciter à le comprendre et à le suivre sur la voie qu’il s’est tracée. Optimiste, il a constaté que des jeunes ont commencé à prendre le relais. Puissent-ils, par leur dévouement bénévole, améliorer la prise en charge des plus démunis dans une société dite « civilisée » et cependant encore trop inégalitaire et si peu fraternelle.
Inlassable combattant de l'indifférence. 8 étoiles

La Solidarité, forme concrète de la fraternité.



Inlassablement, l'ami Jean-François Chalot pourfend l'injustice sociale, soulève des montagnes, remue le Landerneau pour obtenir gain de cause quand il déplore un manquement grave aux exigences élémentaires de la dignité humaine. Il s'arc-boute au troisième élément de notre devise nationale, portant tel un héraut cette Fraternité qui semble avoir été placée sur les frontons comme un vœu pieux qu'on a fini par oublier.

D'ailleurs, il ouvre son nouveau cri du cœur en s'interrogeant sur la pertinence d'un terme qui se heurte désormais à la problématique du genre. Certaines voudraient y substituer Sororité quand d'autres plus soucieux d'universalité pencheraient pour Adelphité. Lui, fidèle à son engagement de chaque instant aimerait que la SOLIDARITÉ soit au cœur de toutes nos pensées.

Il ne cesse d'agir pour donner corps à cette exigence du vivre ensemble, bien loin des dérives qu'imposent un système économique qui perd de vue totalement la dimension humaine. Jean-François Chalot se refuse à voir autour de lui des individus broyés par la logique impitoyable du profit.

Ses combats ont été multiples, incessants au point d'avoir mis gravement sa santé en péril. À trop vouloir tendre la main aux exclus, aux déshérités, aux laisser pour compte, se multipliant dans de nombreux engagements associatifs, il a failli oublier qu'il n'était pas indestructible. Il a retenu ce rappel à l'ordre, se concentrant sur son action pour l'accès au droit au logement, un point majeur pour la dignité auquel chacun a droit.

Une fois encore, il évoque des cas concrets, donne un éclairage sur les moyens de faire pression sur un pouvoir qui par désintérêt, faiblesse ou bien indifférence oublie de remplir sa mission. Il a compris le pouvoir de la presse pour pousser une municipalité ou un préfet à agir. Le désespoir d'un individu ne touche pas, la publicité faite à son cas, si elle vient à ternir l'image de l'institution pousse celle-ci à agir non par humanité mais honteusement par souci de communication.

Et la Solidarité dans tout ça ? Notre chevalier de la dignité s'emporte contre ce rouleau compresseur d'une époque qui broie les individus laissés sur le carreau tout autant que les consciences de ceux qui ont tiré le bon numéro dans la loterie de la vie. Les voir jouir de leurs privilèges sans faire le plus petit effort pour partager quelques miettes le met hors de lui.

Alors il secoue le cocotier. Écrit des articles, sollicite des entrevues, rencontre des élus, harcèle parfois ceux qui font la sourde oreille, toujours pour tirer un malheureux d'une situation inacceptable. Curieusement ce qui lui semble totalement intolérable ne pose pas problème à ces gens là tant que le sujet n'a pas été mis en pâture sur la place publique.

Quelle solidarité est-ce donc quand elle ne se met en branle que pour préserver une image, maintenir un tant soit peu de respectabilité à une institution qui n'agit véritablement que sous la pression. Où est la conviction dans pareil cas et à quoi sert cette fraternité de pure façade ? Pour pousser ces gens sans cœur ni principe à agir, des militants comme Jean-François Chalot sur tout le territoire ne cessent d'agir, de manifester, d'agiter la fourmilière pour obtenir gain de cause. Nous en avons des exemples concrets évoqués dans cet ouvrage qui, fort heureusement, permet de ne pas désespérer de notre société.

Nous comprenons mieux la puissance de conviction de notre ami quand il nous livre ici un texte de son père. Bon sang ne saurait faillir, l'engagement et la solidarité sont des vertus qui se transmettent dans la famille. Elles sont également contagieuses à la lecture de ce combattant infatigable, à l’opiniâtreté exemplaire. Jusqu'à son dernier souffle, il poursuivra le combat qui aura été celui de toute une vie au service des autres. Merci à toi, camarade !

Admirativement tien.

Nabum - - 66 ans - 17 novembre 2021


A lire ! 10 étoiles

Notre ami Jean-François Chalot, fidèle défenseur des personnes en difficultés, vient d’éditer ces jours-ci un nouvel opuscule écrit à plusieurs mains.
Pour commencer, c’est un grand absent qui analyse magistralement l’histoire et l’esprit de Solidarité - des Solidarités : Jean-François laisse la parole à feu son père, Julien, philosophe blandynois, fervent défenseur de l’instruction publique, le maître d’école qu’on aurait tous voulu avoir. Nous découvrons là d’où notre ami puise son énergie politique, son sens de la justice et sa foi en l’Homme.
Jean-François prend alors la plume pour nous raconter M. Dupuis et puis Loïc, qui dormaient dans leurs voitures, ou bien cette famille bellifontaine vivant à huit dans un F2 de 40m2, ou encore ces femmes battues qui se cachent de peur et de honte. La misère et le désarroi sont là aux pieds de nos immeubles, invisibles pour certains, comme Mme Duquesnoy, dépeinte par Nabum avec un certain humour. Merci à Nathalie Rocailleux pour la concision de son point sur les violences familiales. Merci aussi à Smina Kernoua pour son dévouement et ses poésies.
Chelles, Dammarie, Fontainebleau, Vaux-le-Pénil : il se passe toujours quelque part quelque chose de grave et de dur, mais le DAL et ses bénévoles veillent, contactant les bailleurs, les mairies, la Préfecture.
Voici donc un petit ouvrage intéressant, qui nous rappelle malgré tout que les injustices peuvent frapper chacun de nous du jour au lendemain. Facile à lire, étonnant, surprenant même, il retrace des parcours difficiles et des embûches, mais surtout des victoires. Toutes ces histoires sont des messages d'espoir : quand tout le monde y met de la bonne volonté et de la bonne foi, tout devient plus facile pour faire rimer Liberté et Egalité avec Fraternité et Solidarité.

Bouquineuse - - 66 ans - 5 novembre 2021