Tout est pour le mieux dans le pire des mondes
de Régis Duffour, Philippe Godard

critiqué par Débézed, le 26 septembre 2021
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Le meilleur est le pire
Davos, tout le monde connait désormais ce petit coin des Grisons suisses qui évoquent immédiatement pour chacun la fortune, la puissance, la domination du monde. Davos qui n’était connu, au début du XX° siècle, que pour son sanatorium est désormais la capitale mondiale de la ploutocratie dominante. Duffour et Godard ont associé leur plume pour donner leur version de ce qui se passe dans le secret des fameux échanges qui réunissent les hommes le plus puissants et les personnages le plus riches de la planète afin que ces derniers fassent entendre à ceux qui dirigent leurs exigences pour que rien ne change et que les dirigeants attentifs et studieux restent en place.

Les auteurs analysent, sur la base de publications officielles, pour la période courant de 2013 à 2020, les propos tenus par les intervenants lors des fameux échanges. Ils commencent ces analyses en 2013, l’année où le patron de Google fait une déclaration fracassante annonçant que seul un monde numérique offrira à la planète les moyens de surmonter les défis qui se présentent actuellement. La numérisation des activités humaines permettra de réguler les populations afin d’éviter la surpopulation qui menace la survie de la planète. Pour la période qui commence en 2020, les auteurs se livrent plutôt à des spéculations puisqu’ils n’existent aucune publication officielle. Ces spéculations sont pourtant étayées par des faits et des écrits réels, seule leur interprétation pourrait éventuellement faire l’objet d’une contestation.

Les deux analystes ont retenu que pour limiter la population dont l’essor met en danger la planète, les dominants pourraient avoir recours à la guerre, la famine ou la maladie, les deux premières options présentent trop d’aléas, la maladie semble plus facile à gérer. Comme une sélection de la population à réduire s’impose, la maladie est plus efficace sur les peuples les plus démunis, les moins bien lotis pour s’offrir les moyens de lutte contre les épidémies. Limiter la population c’est aussi réduire l’allongement de la vie, adopter des méthodes de fin de vie volontaire pour inciter les individus à mourir plutôt mais dans la dignité. L’objectif reste de constituer une population active et productive, capable de gagner suffisamment d’argent pour surconsommer.

Seules des politiques volontaristes, pragmatiques, dépourvues de toute sensibilité, peuvent permettre d’atteindre ces objectifs, il est donc nécessaire que le pouvoir soit contrôlé par des structures stables, pérennes, dotées de moyens suffisants pour contrôler ceux qui exercent les pouvoirs étatiques. Il est temps d’en finir avec des démocraties obsolètes qui ont démontré toute l’étendue de leur incapacité à faire face aux enjeux actuels. Ceci implique aussi de rester attentif à la montée des contrepouvoirs qui peuvent bousculer les équilibres actuels (Anonymous, gilets jaunes, terroristes, …).

Pour bien comprendre l’objet de ce pamphlet, un véritable essai sur la concentration des richesses et sur la façon d’agir de ceux qui les possèdent pour qu’ils continuent à jouir de fortunes de plus en plus colossales en dominant le monde à travers des pantins qu’ils manipulent, j’ai pensé qu’il serait plus clair que je leur laisse la parole : « Le rire est notre planche de salut. Ils nous veulent tristes, apeurés et désespérés. Nous leur opposons une lecture jubilatoire. A travers une fiction pamphlétaire, le lecteur est invité à s’en payer une tranche sur les grands de ce monde ». Pour eux tout n’est que manipulation, affolement, pression, …, pour maintenir les peuples sous le joug afin de pérenniser leur domination et leur fortune. Les narguer et leur faire comprendre en les singeant que leurs sales manipulations sont trop évidentes pour ne pas révolter les populations.

Cette fiction pamphlétaire mêlant lectures de documents officiels et créations de personnages fictifs est un véritable essai sur la gestion actuelle de notre monde et sur son avenir possible. Un essai que chacun lira avec ses propres convictions.