Les violents de l'automne
de Philippe Georget

critiqué par Homo.Libris, le 18 septembre 2021
(Paris - 58 ans)


La note:  étoiles
Un effort sur le titre !
L'auteur brode une histoire criminelle dans la communauté des rapatriés d'Algérie établis à Perpignan, avec en filigrane, l'ombre de l'OAS, quelque soixante ans après les accords d'Évian. Si l'intrigue se tient, l'histoire est cousue de fil blanc : souvent, le lecteur pourrait aider l'enquêteur dans ses interrogations et l'aiguiller sur la bonne piste (sans parler de la fin improbable - scène du cimetière -, digne des plus mauvaises séries TV). De plus, l'auteur ennuie considérablement le lecteur avec les atermoiements de son policier à propos de l'infidélité putative de sa femme ! Mais il faut bien remplir …
La documentation importante probablement consultée aura sans doute permis à l'auteur d'améliorer ses connaissances concernant la guerre d'Algérie et ses conséquences. Malheureusement, la régurgitation "magistrale" de celles-ci dans le roman est trop académique, et très maladroite ; plus de subtilité aurait été bienvenue ! "On ne le sait pas assez, mais la majorité des pieds-noirs au départ n'étaient pas français." (sic) ; ON = l'auteur, et par conséquence ses lecteurs qui n'ont pas son niveau d'information, (bien) évidemment.
Côté vocabulaire, le lecteur peu exigeant avalera de nombreuses approximations lexicales et moult psittacismes de folliculaires : "faire" employé pour "dire" (à force de faire partout, ça finit par sentir !), usage abusif de verbes en "re-" (rentrer, retrouver, rajouter), "sur" (un lieu) à la place de "à, près de, aux alentours de, etc.", merci "pour", "bien" évidemment, le fabuleux "comme quoi" !, hésitation entre "un" et "une" après-midi, "effectif" et "personnel" toujours au pluriel, etc. Et je ne m'étendrai pas ici sur les phrases mal agencées du style : "Pouvait-on en conclure […] que cette nouvelle dégradation avait-elle un lien avec […] ?", ni sur les nombreuses coquilles et fautes d'orthographe de la version numérique.
Étonnamment, l'auteur, outre une grande leçon d'Histoire, nous propose un cours de sémantique en nous enseignant qu'"opprobre" est du genre masculin (il venait tout juste de l'apprendre ?) : "Cette affaire lui aura au moins permis d'améliorer son vocabulaire !" Espérons que l'auteur lira ma critique et achètera un dictionnaire pour vérifier la définition des mots qu'il emploie plutôt que de calquer son vocabulaire sur celui de présentateurs TV tout venant !
Bref, un livre vite parcouru, vite oublié, à lire si vraiment vous n'avez rien d'autre sous la main, mais surtout, ne pas le laisser à portée des enfants scolarisés !