La pierre du remords
de Arnaldur Indridason

critiqué par CHALOT, le 4 septembre 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un roman policier construit pour nous "scotcher"
«  La pierre du remords »
roman d'Arnaldur Indridason
Editions Métaillé
345 pages
janvier 2021


L'Islande est un petit pays mais doté de très bonnes plumes comme celle d'Arnaldur Indridason, qui mériterait d'être mieux connu.
Ce roman policier réserve quelques surprises que je ne dévoilerai pas, la fin en étant une mais cela vous le découvrirez.
Valborg, une femme relativement âgée, est retrouvée morte, assassinée dans sa maison.
Qui s'en est pris à cette femme et pourquoi ?
Konrad, ancien policier, ne se serait pas intéressé à l'histoire si Valborg ne lui avait pas demandé, quelque temps avant, qu'il l'aide à rechercher l'enfant qu'elle avait abandonné à la naissance.
Il regrette d'avoir décliné la demande d'enquêter.
Il essaye de rattraper le temps perdu et se lance dans l'enquête.
Rien n'est facile, surtout cette quête, d'autant plus que Konrad mène une autre enquête depuis très longtemps sur un autre crime, celui contre son père, un homme peu recommandable, mais il lui faut savoir.
Avec son art maîtrisé de la construction d'un roman policier, l'auteur réussit à nous passionner sans jamais essayer de nous perdre le fil.
Il nous plonge, grâce à des retours en arrière, dans l'histoire « sociétale » comme on dit aujourd'hui.
C'est ainsi que se multiplient chez les uns quelques remords difficiles à effacer et chez d'autres un oubli de ce qu'ils ont été et de ce qu'ils ont fait.
Mais ne vous inquiétez pas la lumière arrivera et l'énigme finira pas être dévoilée...
C'est un ancien mais bon policier que ce Konrad.

Jean-François Chalot
Opus n°3 de la série Konrad 8 étoiles

Konrad est cet ex-inspecteur croisé dans le dernier tome de la Trilogie des ombres, à la retraite, qui se morfond passablement, et saisit la moindre occasion (comme dans le premier opus Ce que savait la nuit) de revenir sur des affaires irrésolues ou qui lui ont laissé le goût amer de l’échec.
Dans cet opus, c’est le meurtre de Valborg, une vieille femme, qui va le déclencher. C’est que, peu de temps auparavant, cette Valborg était venue le solliciter en tant qu’ancien inspecteur, retraité, pour effectuer une recherche de l’enfant à qui elle avait donné naissance 50 ans plus tôt et qu’elle avait abandonné. Et son numéro de téléphone figurant sur un bout de papier retrouvé dans l’appartement de Valborg, c’est ainsi que Marta, une ex-collègue de Konrad toujours en activité éveille sa curiosité, ses remords et, in fine, son besoin d’enquêter pour rétablir la vérité.

Des papiers et des journaux jonchaient le sol à côté du bureau installé dans un coin du salon …/… Marta en ramassa quelques-uns qu’elle examina jusqu’à ce qu’elle tombe sur un numéro qui lui était familier. Aucun nom n’était précisé à côté. Elle le fixa un long moment en se demandant pourquoi la victime l’avait noté. Préférant obtenir une réponse sans attendre, elle saisit son portable et composa le numéro. Quelques instants plus tard, une voix connue répondit.
- Konrad à l’appareil.
- Je te dérange ?
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Est-ce que tu connais une certaine Valborg ?
- Non.
- Il semble en tout cas qu’elle te connaisse, s’étonna Marta.
- Ah non ? Valborg ? Je ne me souviens pas …
Il y eût un silence à l’autre bout de la ligne.
- Si … attends, c’est une femme d’un certain âge ? reprit Konrad »


Et voilà comment on se fait embarquer dans ce à quoi on se refusait.
Il va être question de la condition féminine en Islande deuxième moitié du XXème siècle, de la problématique de l’avortement et des mouvements qui s’y opposèrent.
On retrouve aussi des personnages qui évoluaient en périphérie de l’intrigue dans les opus précédents. Notamment Eyglo, cette femme aux capacités de médium et dont le destin est en partie lié à celui de Konrad via l’association malfaisante de leurs pères respectifs lorsqu’ils étaient adolescents. Et puis les informations concernant le meurtre du père de Konrad commis il y a si longtemps et jamais élucidé continuent d’être collectées par Konrad, au compte-goutte …
Konrad est indubitablement le nouvel héros d’Arnaldur Indridason, et ses enquêtes restent toujours des enquêtes humaines, aux frontières du crime, mais aussi de la société islandaise moderne.
Un gros morceau d’Islande entre les 345 pages.

Tistou - - 68 ans - 17 janvier 2023