Undertaker - Tome 6 - Salvaje
de Xavier Dorison (Scénario), Ralph Meyer (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 4 septembre 2021
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Qui sème la tempête, récolte le plomb!» (*)
Cette deuxième partie de l’histoire commence exactement là où s’arrête l’épisode précédent. De retour avec le cadavre de Caleb («l’indien blanc»), - de Jonas qui l’a percé à jour, ainsi que de Salvaje la femme indienne de Caleb, et Chato l'enfant né de leur union -, Sid Beauchamp savoure son triomphe. Il va enfin pouvoir épouser Joséphine Barclay (oui, oui celle de la banque…), la femme la plus riche et la plus puissante de Tucson.

À condition que… Jonas Crow s'en tienne à la version officielle, à savoir un meurtre par les indiens, et ne révèle à personne que c’est Sid lui-même, qui est responsable de la mort par empoisonnement de Caleb. Celui-ci propose donc un marché à Jonas : Son silence sur toute l'histoire, envers Joséphine Barclay, contre sa vie et la vie des autres otages.

Mais Salvaje, avec l'aide de Jonas, n’a qu’une idée en tête, déterrer le cadavre de son mari pour le ramener en terre indienne, et venger ainsi la mémoire de l'Indien Blanc...

Si le scénario du français Xavier DORISON (*1972), a un petit air de «déjà vu» (comme disent les américains…), et est très classique... Et oui, les «gentils» (très gentils), contre les «méchants» (très très méchants) cela n’a rien d’original, c'est même un peu éculé! La fin est elle téléphonée, par contre les personnages sont eux très bien fouillés psychologiquement. Jonas p. ex. est toujours aussi cynique et désabusé, mais toujours aussi romantique et réaliste…
On reste maintenant à attendre la «réparation» d’une anomalie dans toute l’histoire, à savoir le retour de Rose Prairie et de la chinoise Lin, puisque la série manque terriblement d'une touche de charme féminin…

Le dessin de M. Ralph MEYER (*1971), est… Comment dire? Parfait? Immense? Incroyable? Je ne sais quels mots employer, c’est tout simplement... Magnifique! J’ai rarement vu des dessins aussi bien réussis. Les planches sont toutes un régal, les mouvements bien rendus, les scènes d’actions dynamiques et surprenantes, les corps expressifs, et les visages… Ah! les visages des personnages… Je n’ai rien à en dire, jetez juste un coup d’œil au visage de Jonas aux pages 11-12 ; 14 ; 21 ; 24 ; 26-27 ; 38-39 ; 41.. etc… Vous m’en direz des nouvelles!..

Il y a bien quelques «faux raccords», p ex. si le guerrier indien Kenitei, reçoit un coup de couteau en haut de l’abdomen (Pg. 55), comment se fait-il qu’ensuite, il a un bandage qui se retrouve sur son bras droit? (Pg. 62). Mais bon, dans l’ensemble rien de bien grave…

Le découpage est lui par contre toujours aussi original. Comme dans le volume précédent on retrouve de toutes petites cases qui s’insèrent au milieu ou bien en haut du cadre de la page (Pg. 11 ;13 ; 17 ; 19 ; 20 ; 22 ; 24, etc…), elle sont même parfois rondes (Pg. 43), et donnent un effet très «bizarre» à l’ensemble de la page en cassant le rythme de l’histoire, pour toutefois apporter au lecteur un supplément d’informations.

Enfin, je m’en voudrais de terminer cette recension, sans dire un mot des couleurs de la belge Caroline DELABIE (la compagne de Ralph MEYER), qui sont vraiment irréelles!
Comme pour tous les volumes précédents, toujours dans les tons ocre-jaune et brun pour la journée (forcément dans le désert!..), lumineux et forts. Les montagnes en gris-bleuté très insolites, et les noirs très sombres et très intenses pour la nuit. C’est vraiment un plus dans cette série, comme un personnage supplémentaire. L’ambiance générale, les décors, les émotions, le ressenti, la lisibilité de la planche, l’histoire, sont véritablement «servis» par cette mise en couleurs exceptionnelle!

Encore une fois, rien à redire donc. «Undertaker» est vraiment une BD qui honore toutes ses promesses… Que demander de plus?

(*) : Évangile selon Jonas Crow.