« L'homme qui peignait les âmes »
roman de Metin Arditi
287 pages
juin 2021
Editions Grasset
En 1078, dans le pays berceau des trois religions du Livre, un tout jeune homme, Avner livre du poisson à un monastère à Acre en Palestine.
Il aperçoit et contemple une icône magnifique.
C'est une découverte qui va changer sa vie.
Il est juif et les juifs comme les musulmans n'ont pas le droit de représenter des personnes, du moins à cette époque là et notamment des personnages « sacrés ».
Qu'importe, subjugué, conquis, Avner va découvrir et pratiquer cet art..
Il possède un don du dessin, des couleurs, et va s'adonner à cette recherche du beau, voire du sublime.
Puisqu'il faut devenir chrétien orthodoxe, il sera chrétien ce qui le fera partir de force de sa famille juive.
C'est alors que commence dans une grande partie du proche orient un voyage initiatique où, avec ses amis, il va se perfectionner et devenir assez rapidement célèbre.
Il va être accompagné durant son voyage par des musulmans, des chrétiens et des juifs, lui même étant quelque peu incroyant ou du moins, loin des considérations partisanes.
Il devient très vite le plus grand iconographe de la région.
De partout, des personnes viennent le voir pour obtenir un dessin, une peinture. Il réussit à rendre les modèles, communs des mortels, aussi beaux que des dieux. Il réussit à mettre en exergue la richesse cachée de leur personnalité..
La renommée arrive.
Certains le considèrent comme un prophète, ce qui déplaît très fortement aux dépositaires des pouvoirs, qu'ils soient musulmans, juifs ou chrétiens.
C'est la chasse aux sorcières qui commence.
Imperturbable, notre jeune ami continue durant plus de 30 ans, mais en ces temps là, on ne badine pas avec le « blasphème » et des personnes qui prônent la concorde, la fraternité et la tolérance ne sont pas dans un créneau porteur..
Le héros a existé, il a subi dans sa chair la haine des « cléricaux » et des puissants. Il y perdra sa vie.
Plus tard, il sera « réhabilité » par les représentants patentés des trois religions mais presque toute son œuvre aura été détruite.
Seul semble rester le fameux « Christ guerrier » qui à tort a été attribué à Théophane le Grec.
Jean-François Chalot
CHALOT - Vaux le Pénil - 77 ans - 13 avril 2022 |