Cosima
de Grazia Deledda

critiqué par Septularisen, le 29 août 2021
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
GRAZIA DELEDDA NOUS RACONTE SON ENFANCE.
Cosima est une petite fille espiègle et audacieuse. Au début du récit nous la découvrons âgée de quatre ans, dans les années 1875, découvrant avec émerveillement sa petite sœur qui vient juste de naître.

Elle vit dans un petit village reculé de la Sardaigne et dans la grande maison familiale de ses parents en compagnie de ses nombreux frères et sœurs, et de leurs serviteurs. Sa famille n’est pas riche, mais assez aisée. Son père étant un des notables du village, grand propriétaire terrien, producteur et commerçant de charbon.

Si la petite Cosima n’a pas la langue dans sa poche et est une enfant précoce et très intelligente, elle est comme toutes les jeunes filles de l'époque, victime des préjugés de son temps. Et, en ces temps-là, les filles ne vont pas à l’école, et l’obligation des jeunes femme consiste à se trouver le meilleur parti possible en la personne d’un mari le plus fortuné possible, sa place est à la maison, et son rôle de s’occuper des enfants!

Mais Cosima devenue jeune fille, du fond de son petit village, au fond de son île, ne rêve que d’une chose… Devenir écrivain et imposer sa voix dans un monde littéraire qui lui est si peu familier!

Terminé quelques mois avant sa mort «Cosima» est donc le dernier livre de l’écrivaine italienne (il sera d’ailleurs publié à titre posthume en 1937), et sans doute son œuvre la plus autobiographique. En effet, même si rien ne l’indique, et même si ce livre est estampillé «roman», on comprends très vite, aux évènements qui nous sont racontés, que l’écrivaine sarde ne nous raconte rien d’autre, que sa prime jeunesse, son adolescence, et sa vie de jeune femme, sur l’île italienne.

Si comme toujours chez Grazia DELEDDA, son île natale joue un rôle essentiel, - avec toujours la description de magnifiques paysages, des champs, des vignes, des collines, de la mer, les oliviers, les rudes hivers et les chauds étés… -, source d’émerveillement et de sauvagerie tout au long du récit.
Mais il est surtout question ici de personnes et de personnages… Tous sont d’une profondeur psychologique assez inhabituelle, malgré le fait qu’ils sont nombreux! Tous sont présentés et décrits, - parfois brièvement certes -, d’une façon assez étonnante. Il n’y a rien à redire ici, sur l’art de la maîtrise la psychologie et des sentiments. On découvrira ainsi tout à tour, le père protecteur et strict, la mère sensible et taciturne, la jeune fille (Grazia DELEDDA elle-même donc...), audacieuse et provocatrice, n’hésitant devant rien pour assouvir sa passion de la lecture et surtout de l’écriture, le grand frère qui à son tour devient protecteur et strict à la mort du père, l’oncle qui est prêtre, de tempérament gai, pauvre et chaste, mais un peu trop porté sur la boisson, etc etc…

Encore une fois, je fini plein d’admiration pour l’écrivaine. Si les œuvres et l’écriture, sont aujourd’hui un peu passée de mode (kitchouille?), le reste est toujours d’une actualité étonnante. On verra ainsi passer (entre autres…), le patriarcat, la famille, la place de la femme dans la société, la place de l’écrivaine dans la société, etc etc…

Si pour beaucoup de ses lecteurs, «Elias Portolu» est le chef-d’œuvre absolu de Mme. DELEDDA, pour avoir presque lu toute son œuvre traduite en français, je peux vous garantir que celui-ci n’a rien à lui envier… Je ne peux donc que vous en recommander la lecture…

Rappelons que Grazia DELEDDA (1871 - 1936) a été lauréate du Prix Nobel de Littérature en 1926. Elle a été la deuxième femme lauréate du prix et au moment où j’écris ces lignes, la seule écrivaine italienne à l’avoir reçu.