Ma vie et autres trahisons
de Roland Jaccard

critiqué par Catinus, le 26 août 2021
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Platon, Aristote, Scipion l'Africain, Cioran, Freud et Cie
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Décidément, j’apprécie les écrits du psychanalyste suisse Roland Jaccard. Mais qui est-il, au fond ? Le mieux est de poser la question à l’intéressé.
« Je vis à Paris dans le septième arrondissement, la « zone verte ». Les revenus que me procurent mes livres et mes scénarios m’assurent un certain confort. Je jouis d’une relative notoriété. Ni trop connu, ni inconnu, ce que j’ai toujours recherché. Je capte près de mille chaînes de télévision et je croule sous les DVD. Les filles ne me dédaignent pas encore. Le matin, je réponds à mes mails. L’après-midi, je traîne dans les cafés où je consulte la presse et bavarde avec des amis. C’est à cela que l’on reconnaît un Juif : il préfère les cafés que la nature. Le soir, je dîne dans un restaurant - japonais de préférence. C’est à cela qu’on reconnaît un homme raffiné. » etc.
Ajoutons qu’il ne porte pas une estime démesurée à la vie en général, et à l’humaine en particulier (ça tombe bien moi non plus). Il apprécie tout particulièrement le Japon et Cioran ( mitou mais à mi-temps).
A signaler de belles pages (110à117) sur l’écrivain japonais Natsumé Sôséki.

Extraits :

- Platon raconte que, dans les temps anciens où les hommes étaient androgynes, Jupiter, irrité contre eux, les dédoubla, que pour rabaisser leur orgueil, il les fendit en deux comme des soles, et que, depuis lors, chacun court après la moitié qu’il a perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvé.

- « Le bonheur est de ne pas naître », disait le sage Aristote, et Freud ajoutait malicieusement : « Hélas ! Cela n’arrive qu’une fois sur mille ! »

- J’hésitai à envoyer à Masako ma citation préférée, celle de Scipion l’Africain : « Te souviens-tu de ces serpents qui, quand nous arrivâmes à Epire, effaçaient derrière nous les traces de nos pas ? »

- Le 22 septembre, j’atteindrais ma soixante-dixième année. Je ne jugeais pas très fortiche de dépasser cette échéance. Pénétrer, même à pas de loup, cette contrée que l’on appelle la vieillesse et où il n’y plus rien à attendre, sinon quelques humiliations inédites et le bon vouloir de l’ange de la mort, me tentait modérément.