Le complexe de la sorcière
de Isabelle Sorente

critiqué par CHALOT, le 21 août 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un roman philosophique indispensable à lire
«Le complexe de la sorcière »
Livre écrit par Isabelle Sorente
Editions Gallimard
317 pages
Février 2021

Une image « effrayante » vient régulièrement à l’auteure : il s’agit d’une femme au crâne rasé attendant sa condamnation.
Une sorcière ?
Quel est le rapport entre ces deux femmes ? Peut-on parler d’un signe annonciateur ou d’un lien secret qui relie ces deux êtres à des centaines d’années de distance ?
C’est le sujet de l’étude commencée par Isabelle Sorente qui va avaler ou «déguster»- le mot est peut être mal venu- tout ce qui s’est écrit sur nos ascendants lointains.
Des milliers de femmes, non au Moyen Age comme certains l’affirmaient mais à la Renaissance ont été torturées et sont mortes.
Il leur fallait avouer des fautes qu’elles n’avaient pas commises.
Elles étaient différentes, pas dans la norme.
Il est important de comprendre qui on est, de combattre l’inquisiteur qui est l’autre ou parfois soi-même.
L’auteure établit les liens pour essayer de comprendre, de se comprendre, « Aller chercher la sorcière en soi vaut le coup. Les bêtes noires valent le coup. C’est en soi qu’il faut réconcilier la sorcière et l’inquisiteur. »
C’est le moment de choisir l’introspection.
L’auteure se rappelle avoir été mise de côté, chahutée pendant des années de collèges par les autres. Elle était un peu la sorcière.
Dans cette situation le pire est possible. Elle a pensé disparaître ou punir l’inquisiteur.
Elle ne l’a pas fait mais a voulu des années après, questionner sa mère pour savoir si elle savait et même interroger son père qui lui avoua avoir connu lui aussi cela, lui, le fort, l’invincible, celui qui conseillait à son fils mais pas à sa fille de se défendre et de frapper entre les deux jambes.
Cette histoire de sorcière en nous ou bien enfouie est comme un secret de famille, le meilleur et le pire mais incontournable pour se reconstruire.
Ce livre se situe aux marges du roman et de la réflexion philosophique mais il ne laisse pas de marbre.
Il nous invite à la réflexion.

Jean-François Chalot