Cendres
de Anne Duvivier

critiqué par Kinbote, le 19 août 2021
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Le feu des secrets
Avec Cendres, son quatrième roman, Anne Duvivier livre un récit enlevé parfaitement maîtrisé où alternent scènes cocasses et drames familiaux.

Un trio féminin formé de Lila et Violette, deux sœurs, et leur cousine Hélène, se rendent sur l’île d’Ischia au large de Naples, pour répondre au souhait de leur oncle ou père de disperser ses cendres sur place où, apparemment, l’homme n’avait aucune attache.

Violette et Lila ont, elles, perdu leur père quand elles étaient très jeunes dans l’incendie de L’Innovation à Bruxelles en 1967. Elles ont ensuite été prises en charge par le frère du disparu qui vient de s’éteindre et dont les cendres vont être transportées dans la péninsule italienne, bon gré mal gré.

À l’aide d’indices habilement distillés par l’autrice, comme dans un roman policier, on comprend que des choses se trament sous le fil de l’intrigue de départ et la seconde partie du roman sera riche en rebondissements et éclaircissements ; comme si les abysses familiaux étaient sans fin, détenteurs de secrets profondément enfouis qu’un soudain événement au pouvoir déstabilisant peut mettre au jour.

C’est sur ce fond de faux-semblants, peu ou prou présents dans chaque famille, que ce roman allègre est construit. Le sol s’effondrera plus d’une fois sous les pieds du personnage principal, Violette Lepage, une femme impulsive et séductrice, qui tient, il semble bien, ces traits de caractère de ses parents.

C’est ainsi le portrait d’une amoureuse de la vie, sous toutes ses formes, qu’on lit dans cette aventure familiale qui fleure bon l’Italie. À son retour de voyage, fort de ce qu’elle aura appris sur son passé, l’héroïne repartira dans la vie sur des bases plus solides et avec un horizon élargi.

Un roman à emporter dans ses bagages ou bien à lire chez soi pour faire le plein de soleil et de bonne littérature.
Les joies de la famille 7 étoiles

Lila et sa petite sœur Violette reçoivent une lettre de leur cousine Hélène qui les informe que son père, leur oncle Robert, a demandé a être incinéré et que ses cendres soient dispersées, en leur présence, au large de la petite île italienne d’Ischia. Surprises par cette requête de leur oncle, les deux sœurs acceptent cette invitation en forme de convocation testamentaire. Elles ne peuvent refuser une telle mission surtout que leur oncle a été très présent dans leur vie quand leur père a disparu dans l’incendie d’un grand magasin bruxellois, il a alors joué le rôle du père et Lila et Violette lui en sont fort reconnaissantes. En contrepartie, elles, surtout Violette, aiment moins la cousine Hélène qui a très mal accepté que ses cousines empiètent sur son terrain où auparavant elle était seule et très choyée.

Les trois filles décident de remplir leur devoir de fille et nièces, elles pensent que ce sera l’occasion de renouer des liens familiaux plus chaleureux entre cousines et, au pire, de passer une belle semaine de vacances sur cette île méditerranéenne à quelques encablures de Capri. Le séjour se déroule bien, les filles apprécient le soleil, la mer, la cuisine et les personnes qu’elles rencontrent jusqu’à ce qu’Alessandro fasse son apparition et révèle des informations sidérantes qu’elles ne connaissaient pas, des informations qui changent profondément la vision et l’opinion qu’elles avaient jusques là de leur famille et surtout de leurs parents.

Avec ce court roman, Anne Duvivier évoque les difficultés qui trop souvent perturbent la vie familiale et la bonne entente au sein des fratries ou sororités. Dans son histoire, les couples sont peu stables, se font et se défont, les pères ne sont pas toujours ceux que les autres pourraient penser. Un plaidoyer pour la vie familiale calme ou paisible ou plutôt un réquisitoire contre la famille qui n’est que prétexte à mensonges, tromperies et autres vilenies. Chacun lira ce livre à sa façon mais tous le liront avec intérêt et plaisir … sans doute.

Pour ma part, je suis convaincu que toute la poussière qu’on pousse sournoisement sous le tapis finit, un jour, par ressortir en enrhumant beaucoup de monde et en générant bien des douleurs et des rancœurs.

Débézed - Besançon - 76 ans - 26 septembre 2021