La petite vendeuse loin de la plage
de Nadine Thirault

critiqué par Débézed, le 17 août 2021
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Amours au joli mois de mai
Nice, 1967, Alice est une jeune fille de dix-huit ans insouciante, heureuse de vivre et de partager une belle amitié avec Clairette son amie d’enfance. Elle est vendeuse dans une droguerie, sa mère, veuve, n’a pas les moyens de lui payer des études et d’élever ses deux autres enfants qu’elle a eus après le décès accidentel de son mari footballeur à l’AS Monaco. Alice aurait pourtant aimé aller au lycée pour ensuite entreprendre des études de lettres classiques. Elle passe ses journées avec sa patronne, ses pauses avec Clairette et s’occupe souvent de sa sœur et de son frère quelque peu délaissés par leur mère. Elle sillonne souvent la ville au guidon du mythique Solex, deux roues emblématique de toute une génération, pour effectuer quelques livraisons pour le compte de sa patronne. Et, lors d’une course chez un médecin, elle rencontre un jeune homme qu’elle avait déjà remarqué sur la plage, Cupidon dégaine une flèche qui bientôt se fiche dans le cœur de la jouvencelle.

Le joli cœur est un enfant de la bourgeoisie locale en rupture, comme beaucoup d’autres à cette époque, avec sa classe sociale, il prône des idées révolutionnaires et cherche à entraîner Alice dans son monde de contestataires qui allument les premiers brandons qui enflammeront les rues de Paris et des grande villes au brûlant mois de mai soixante-huit. Alexandre, le petit ami révolutionnaire, s’engage de plus en plus et veut entraîner Alice dans des actions de plus en plus radicales qu’elle accepte de moins en moins de suivre.

Cette histoire est, comme beaucoup d’autres, une des belles histoires d’amour qui a fleuri sous le soleil de mai soixante-huit. Toutes n’ont pas tourné de la même façon, certaines se sont muées en de tendres mais banales histoires conjugales, d’autres n’ont été que des aventures printanières éteintes aussi vite que les fameux événements et d’autres encore ont été des passions dévorantes impossibles à vivre mais laissant toujours des séquelles sentimentales. La rencontre d’Alice et d’Alexandre, c’est la rencontre du monde ouvrier et des fils de la bourgeoisie sous la même bannière révolutionnaire mais les uns et les autres n’avaient pas les mêmes envies, les mêmes objectifs. Les ouvriers voulaient un peu plus d’argent pour mieux vivre, les autres voulaient plus de liberté pour user plus aisément de leur fortune.

Nadine Thirault semble bien connaître Nice où se déroule cette aventure, elle semble aussi avoir une idée assez précise de ce que furent les événements de mai soixante-huit dans cette ville. Sur le Solex d’Alice, on découvre les plus petites rues de la ville comme les grandes avenues et les bords de mer. On découvre aussi tout un petit peuple qui vivait en harmonie dans son quartier, partageant les joies et les peines, se rendant mutuellement service. Une société de gens peu fortunés qui attachait beaucoup d’importance aux valeurs fondamentales du respect, du travail, de la solidarité, … Un monde qu’Alice devra choisir de quitter ou non après la grande aventure sociale et sentimentale qu’elle a traversée.