Appelons un chat, un chat !
de Francoise Nore

critiqué par Alceste, le 18 août 2021
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
Politiquement très incorrect
Appelons un chat un chat ! Cette objurgation salutaire de Françoise Nore est née de son agacement devant une certaine démonétisation du langage : notre époque considère certains mots comme autant de duretés dont elle se sent incapable. Du coup, toutes les substitutions, toutes les circonlocutions, toutes les inversions de sens sont possibles, souhaitables et semble-t-il irréversibles. C’est contre ces glissements progressifs et fatals que lutte cet ouvrage en nous ouvrant les yeux, en nettoyant en quelque sorte le miroir de façon à débusquer les habitudes langagières qui nous aveuglent.
Pour donner un aperçu du contenu, il suffit de choisir presque au hasard quelques notices, tant elles sont toutes instructives et teintées d’ironie réjouissante.
• Directeur des ressources humaines :
Les " ressources humaines » d’une entreprise en sont le personnel. Expression d’origine américaine, qui sous-entend que les humains sont un produit exploitable comme un autre, puisque ce sont des ressources. Ces objets humains sont donc placés sous la houlette d’un « directeur des ressources humaines », généralement abrégé en DRH, qui n‘est jamais que « le chef du personnel », mais cette appellation d’importation fait beaucoup plus chic.
• Pronostic vital engagé
Politesse langagière pour « en danger de mort ». On remarquera que « vital » signifie « de première importance». De ce fait, « pronostic vital » a pour sens littéral « pronostic de première importance », ce qui n’en fait évidemment pas un synonyme de « pronostic de très mauvais augure », mais le politiquement correct ne saurait s’attarder à ce genre de considérations.
• Afrique subsaharienne
Courante dans le passé, l’expression « Afrique noire » a aujourd’hui disparu du langage courant, car c’est très mal de parler ainsi. Utilisons donc « Afrique subsaharienne » qui ne blesse personne et qui peut en outre donner à croire que l’on maîtrise la géographie, ce qui n’est pas rien.
• Pédagogie
Les hommes politiques adorent faire ce qu’ils appellent de la « pédagogie ». Si l’on examine de près les faits, propos et attitudes, on comprendra aisément qu’il s’agit de contrer une opposition ou une résistance. En français simple, cela s’appelle de la « propagande ».