Batouala
de René Maran

critiqué par Bookivore, le 8 août 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
La négritude
Gros scandale en 1921 au moment de l'attribution du Prix Goncourt : en ces temps reculés où la France était encore un empire colonial qui gérait ses possessions africaines et asiatiques d'une main de fer dans un gant de bois échardé, un certain René Maran, qui ne l'était sûrement pas trop (marrant) au regard de sa photo, obtient la récompense, pour son roman "Batouala".
Maran entre dans l'histoire : bien des années avant Patrick Chamoiseau, il est le premier écrivain de couleur, étant Martiniquais (mais il a fait ses études en métropole), à recevoir le Goncourt, et pendant des années, il restera le seul. Ce n'est pas pour ça que le scandale a eu lieu, du moins, je l'espère, mais pour le sujet de son livre, qui se passe en Afrique noire sous gouvernance française. Batouala est le chef d'un village, et il commence à douter et à se lasser, alors que sa femme pense de plus en plus à s'éloigner de lui pour aller vivre avec un guerrier qui la captive et la séduit.
Le roman est considéré comme le premier de ce qu'il faudra appeler par la suite la "négritude", bien avant Aimé Césaire. C'est écrit dans un style très naturaliste et vivant, utilise beaucoup de termes africains. Ce n'est pas très épais, mais c'est très réussi.
Et c'est accompagné d'une préface signée Maran lui-même, dans lequel il se permet, et c'est surtout de là que viendra le scandale, de faire une violente critique du colonialisme (le roman aussi, mais de façon plus subtile quand même).
Un roman culte, sans doute pas très lu de nos jours, mais à lire.