Ilsa, la louve des SS - essai-
de Daniel Bastié

critiqué par Editionsménadès, le 2 août 2021
( - 62 ans)


La note:  étoiles
ILSA, LA LOUVE DES SS - ESSAI
Les sociologues ne le répèteront jamais assez : Ilsa est le reflet d’une époque et du relâchement des mœurs. Un temps où on pouvait diffuser tout et n’importe quoi sur les écrans. Bien plus qu’une histoire de camp de concentration, Don Edmonds a réalisé un film qui misait ses atouts sur les appas de l’actrice principale, sur sa poitrine opulente et la nudité des autres comédiennes, mixant l’ensemble de séquences de tortures gratinées, avec un mauvais goût revendiqué et un non-respect de la vérité historique. Ce grand-guignol avait tout pour faire parler de lui et, bien plus que les prévisions, a acquis une réputation en entrant dans le langage commun, affublant certaines femmes du surnom de l’héroïne de celui-ci, insistant sur leur caractère bien trempé et leur propension à ne jamais se laisser dominer par les hommes. De là à considérer Ilsa comme une féministe, voilà un pas sans doute difficile à franchir, puisque féminisme ne rime pas avec sadisme, fétichisme et autres joyeusetés exacerbées sur la toile, mais plutôt avec liberté et choix qui se placent en porte-à-faux des clichés qui incitent à croire que les mâles dominent le monde et que leurs filles, amantes et femmes se subordonnent à leurs ordres autant qu’à leurs désirs.

Daniel Bastié est journaliste et enseignant. Il a longtemps collaboré à diverses revues cinématographiques, dont Soundtrack, Les Fiches belges du Cinéma, Grand Angle, Cinéscope, etc. Il signe un essai qui revient sur le succès impensable aujourd’hui du film « Ilsa, la louve des SS » et de ses succédanés, en empruntant largement aux dialogues des longs métrages qui se sont succédé au cours des années 70. Cherchant à comprendre comment la nazisploitation s’est installée dans les salles durant une décennie, il livre une analyse sans équivoque et revient sur une série de codes qui se sont lentement mis en place pour circonscrire un genre aujourd’hui voué à l’abomination et l’oubli.