Rabevel ou le Mal des ardents
de Lucien Fabre

critiqué par Bookivore, le 31 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Alias Rastignac
Compliqué, de parler de ce livre. Déjà, dire une chose importante à son sujet : il a été, en son temps (1923), publié en trois tomes de taille à peu près égale (230, 260, 250 pages respectivement), mais il ne s'agit pas de trois romans formant un cycle, mais bel et bien d'un seul et unique roman découpé en trois parties pour plus de confort de lecture (à la fois pour ne pas que le lecteur se retrouve avec un gros volume maousse dans les mains, et parce que les livres de l'époque, avec leurs reliures en ficelle et leurs couvertures aussi épaisses que des pages lambda, étaient déjà suffisamment fragiles comme ça). Il me semble que par la suite, il sera republié en deux tomes, peut-être même en un seul tome (et encore, pas certain ; ce livre a certes été un gros succès de librairie en son temps, il ne sera par la suite que très rarement réédité).
Le mot "Fin" n'apparaît qu'à la dernière page du tome 3, pas à la dernière page des deux autres, histoire d'apporter une preuve que ces trois tomes forment un seul et même roman, et non pas trois romans formant un cycle.
Ces trois tomes s'appellent respectivement "La Jeunesse de Rabevel" (4 chapitres), "Le Financier Rabevel" (4 chapitres) et "La Fin de Rabevel" (3 chapitres), leurs chapitres sont d'une longueur parfois terrifiante, et le pire, il n'y à pas de "respiration" dans ces chapitres, pas de sous-chapitres, pas d'espaces plus importants entre paragraphes, pas de rangée d'astérisques pour marquer une pause, non, rien, d'une traite pendant 50, 60, 70, parfois même 90 pages. Ce qui, malgré un style assez fluide, ne rend pas la lecture de ce "Rabevel ou le Mal des Ardents" de Lucien Fabre très facile.

Prix Goncourt en 1923 pour ce roman qui, sinon, relate, je vais vraiment schématiser, la vie et les aventures de Bernard Rabevel, né à la fin du XIXème siècle, un homme possédé par un désir de vivre, une moralité assez peu flagrante (dans le genre "prêt à TOUT pour réussir", il se pose là), dont le père est décédé et la mère aurait été une prostituée et est aux abonnés absents (élevé par un oncle). Sorte de Rastignac du Troisième Empire, le bonhomme va accumuler les conquêtes (pas forcément officielles), va devenir un petit magnat de la finance aux motivations certaines et au comportement parfois un peu louche, le roman le décrit de ses 10 ans à sa fin de vie. Un personnage qu'il est difficile d'aimer et presque impossible de détester, je sais c'est paradoxal ; mais pendant toute la lecture de ces 700 pages et des poussières, le lecteur se demande vraiment quoi penser de ce mec qui, dès l'enfance, alterne entre une insolence tout juste bonne à se faire corriger à coup de taloche et un côté un peu bon enfant.
Il est difficile de pleinement se passionner par ce roman trop long, mais on y trouve de très bonnes pages. Une curiosité, succès de l'époque, qui a assez mal vieilli au final.