Malaisie
de Henri Fauconnier

critiqué par Bookivore, le 26 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Un Goncourt redoutablement oublié
En 1930, le Goncourt est attribué à ce roman d'Henri Fauconnier, "Malaisie", qui se situe en... ah non, c'est trop facile (et sinon, oui, il se situe bien en Malaisie).
Réédité en 2017 par les éditions du Pacifique (je n'avais jamais entendu parler d'eux avant de me procurer cette réédition de ce roman), ce roman, j'imagine, ne devait pas être super facile à dénicher auparavant, sans doute rarement, voire jamais réédité depuis des décennies. Sur la quatrième de couverture, des citations dithyrambiques, sur le roman, de Bernanos, de Maeterlinck (qui n'y allait pas par quatre chemins : pour lui, c'était le meilleur roman goncourtisé depuis la création du Prix, un roman qu'il aurait adoré écrire ; je ne sais pas de quand date cette citation). Ca donne envie.

J'ai vraiment failli donner 5 étoiles à "Malaisie" mais je me retiens en raison un reproche : l'intrigue est quasiment inexistante. Un homme, quelques années après la Première Guerre Mondiale à laquelle il a participé, arrive en Malaisie, il y retrouve un ami de guerre, Rolain, qui y dirige une plantation d'hévéa, dans la jungle. Rolain lui propose de s'associer avec lui, et finira par lui céder la plantation. Lescale (c'est le nom du personnage principal, qui raconte l'histoire) va découvrir le pays, ses habitants, ses croyances, ses coutumes, ses contradiction, son climat, ses femmes...

Voilà pour l'histoire (qui s'emballe un peu vers la fin, on y aborde l'amok, folie meurtrière soudaine assez typique du coin), c'est pas une intrigue super développée, mais en même temps, ce roman vaut pour son écriture, et surtout pour son atmosphère. Agrémenté de nombreux petits quatrains en malais (traduits en fin d'ouvrage), ce roman, presque autobiographique car l'auteur connaissait bien la Malaisie, nous embarque, en quelques lignes à peine, dans ce pays, nous donne envie de le visiter.
Un très beau roman, vraiment méconnu, oublié, à découvrir.

On notera pour finir la beauté de la réédition (visuel proposé sur le site) qui propose des illustrations, gravures signées du frère de l'auteur et qui, à la base, auraient dû figurer sur une édition illustrée qui ne verra jamais le jour (avant cette réédition). On y trouve aussi, en fin de livre, quelques pages tirées d'une tentative tardive de suite à ce roman. A ce sujet, à l'époque de la sortie du livre, apparemment, les éditeurs avaient indiqué, au verso, qu'il y aurait une suite, et ce, sans demander son avis à l'auteur, qui s'est retrouvé coincé, a tenté de l'écrire, n'y arrivera jamais...