Journal d'un oisif
de Roland Jaccard

critiqué par Catinus, le 19 juillet 2021
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Il n'est jamais trop tard pour s'instruire
Roland Jaccard est un psychanalyste suisse. Ce livre est son journal (intime) tenu en 2000 et 2001. A nouveau, monsieur Jaccard fait mention de personnes que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam (et plus loin encore, si possible) ; il fait mention d’un nombre impressionnant de films, d’ouvrages littéraires qui me sont, pour la plupart, inconnus ; cependant il n’y pas d’âge pour s’instruire et si de nombreuses pages me passent donc largement au-dessus du cervelet, j’ai glané çà et là, quelques pépites (ce qui n’est déjà pas mal !).

Extraits :

- Je demande à mes proches s’ils peuvent au débotté me donner les prénoms de Skorecki, de Sôséki et de Scorcese. Pas un n’y est parvenu. Je leur demande ce qui compte le plus pour les femmes. Le résultat est sans ambiguïté : 1. les fringues. 2. La bouffe. 3. Le sexe. Les filles ajoutent : le fric et les cheveux.

- Louis Calaferte écrivait : « Anecdotique ou pas, le roman m’ennuie. On a presque tout dit dans le genre depuis Flaubert et Proust, et ce qui restait à dire l’a été par Joyce et Céline. Les resucées plus ou moins hasardeuses, plus ou moins habiles, sont à mes yeux sans intérêt aucun. »

- Il y a un virus pire que le sida : l’amour. Il ne tue même pas et rend bête.

- Vieillir est un exercice périlleux : on tente de vous faire croire que vous êtes quelqu’un pour mieux vous retenir ici-bas le plus longtemps possible, gâteux et satisfait comme les autres.

- Je ne suis jamais parvenu à vivre plus de trois ans avec qui ce soit. Je n’ai à m’en prendre ni à l’égoïsme de mes partenaires, ni à leur altruisme souvent pire encore, mais à moi-même : je suis incapable d’aimer.

- Tout ce qui est bref et intense me plait. Le reste m’ennuie très vite (aussi bien en art que dans la vie de tous les jours).

- Ce sera la conclusion toute provisoire de ce journal d’un oisif. Si j’étais Japonais, je m’excuserais des désagréments procurés par sa lecture et par la perte de temps qu’il a sans doute occasionnée. Hélas ! je ne suis pas Japonais.