De Tout
de Joris-Karl Huysmans

critiqué par Bookivore, le 16 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Le titre dit tout
Petite devinette en guise d'intro : devinez donc de quoi parle ce livre ?
Oh, c'est bien simple : de tout.
Gag.

Restons sérieux. C'est sans doute la dernière fois, sur CL, que je parle d'un livre de Huysmans, sans doute mon auteur français préféré. Non pas que j'en ai marre de parler de Huysmans, mais je pense avoir parlé, ici, entre critiques principales et critiques éclairs, de tous les livres de lui dont j'avais envie de parler. "De Tout", paru en 1902, est un livre qui, de même que pas mal de ses oeuvres catholiques (dernière période de sa vie ; il est mort en 1907), est difficile à trouver maintenant, il n'a pas forcément été réédité, ou alors par de petits éditeurs indépendants, qui parfois fonctionnent à l'impression sur demande, etc...
On pourrait qualifier ce livre de "Huysmans secondaire". "De Tout" n'est en effet pas un livre d'une importance cruciale, et logiquement, rien ne justifie que je lui file la note maximale, mais c'est Huysmans, le style est parfait comme toujours, et ce qu'il nous raconte dans ce livre court (310 pages dans son édition Plon de 1908, sur laquelle je me base pour la critique, vu que c'est celle que j'ai ; mais le contenu ne bouge pas, selon les éditions) est, vraiment, intéressant.

Ce n'est ni un roman, ni un recueil de nouvelles. C'est un recueil de chroniques diverses et variées, classées en trois parties : parisiennes dans la première, de voyage dans la seconde, religieuses dans la dernière. Certains des textes ici présents ("Les habitués de café", "Le buffet des gares") sont présents dans un petit livre portant le nom du premier texte que je viens de citer, paru chez Sillage en 2005.
On a notamment un texte assez court et franchement hilarant sur un salon de coiffure, Huysmans décrit tellement bien le "calvaire" d'un client se faisant ratiboiser la tignasse qu'on a l'impression qu'il a écrit son texte en se faisant couper les cheveux. Autre moment de drôlerie, "Le Sleeping-car", dans lequel il raconte son calvaire d'une nuit dans un wagon-lit de train, il a notamment peur que la couchette du dessus, occupée, ne lui tombe sur la tronche !
Mais quand il parle des différents carmels de Paris, ou des abbayes de Solesmes ou de Ligugé (où il fit une retraite), ou de Sainte Françoise Romaine, une extatique du Moyen-Âge (à rapprocher de son hagiographie "Sainte Lydwine de Schiedam"), ou de sa maison d'enfance au 11 rue de Sèvres à Paris, il se fait sérieux.

Ce recueil de chroniques, dans lequel il nous emmène aussi visiter, à sa façon, Hambourg, Lübeck, Berlin, Bruges (citant notamment des extraits du roman remarquable de Rodenbach "Bruges La Morte") et le quartier des Gobelins à Paris, ce recueil de chroniques est une petite merveille hélas trop méconnue, oubliée de nos jours. A lire si on aime Huysmans.