La Malvenue
de Claude Seignolle

critiqué par Bookivore, le 8 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Malédiction
En lisant un livre de Claude Seignolle (auteur mort en 2018 à l'âge de 101 ans) intitulé "Invitation au Château de l'Etrange", dans lequel ce spécialiste des contes, légendes et faits curieux de notre pays recensait des anecdotes surnaturelles survenues réellement, j'ai découvert l'existence de ce petit roman écrit, en 1952, par Seignolle lui-même, et considéré comme son sommet : "La Malvenue".
Seignolle n'en parlait pas pour en faire la promo, mais parce que le livre était au coeur d'une histoire totalement étonnante et glauque : une adaptation cinéma, dans les années 60, devait en être faite. Il a été question de confier à Martine Carol un des rôles (pas celui de Jeanne, vu l'âge qu'avait, alors, l'actrice), et celle-ci, plus emballée qu'un cadeau de Noël, lit le roman, dans sa chambre d'hôtel à Monaco... elle est retrouvée morte le lendemain, le livre ouvert, pas achevé.
Ce qui fait que le film ne sera pas fait.
Quelque temps plus tard, une relation de Seignolle lit le livre, et manque de se foutre en l'air, de se donner la mort, tellement le livre l'a mise dans un état...
Seignolle lui-même avouera avoir écrit ce livre, qu'il juge terrifiant, dans un état presque de transe.

"La Malvenue", à la base, selon la note de l'éditeur au début du livre, faisait 500 pages et Seignolle l'a considérablement réduit à un petit peu moins de 200 pages. Ce n'est plus de l'écrémage, c'est du sans gluten, aussi. Le roman se passe en Sologne, en 1912. En fait, entre 1896 et 1912, par le biais de quelques flashbacks (un chapitre sur deux). Jeanne, 16 ans, fille de feu le propriétaire d'une ferme du coin, est surnommée la "Malvenue" en raison de sa naissance sinistre (que je ne raconterai pas, ça spoilerait pas mal de choses) et d'une marque au front qui semble la signer comme si elle était une envoyée du démon. Son père, 16 ans plus tôt, a découvert dans son champ une statue de femme étrange, qu'un coup de bêche a décapité. Il ramasse la tête, belle et curieuse, persuadé que c'est un trésor. En guise de trésor, ça semble être, plutôt, un objet rempli de guigne. Le mauvais sort va dès lors s'abattre sur ses terres...

Le climat de ce court roman est assez prenant. Ce n'est pas terrifiant comme Seignolle (petite nature !!) le disait, mais c'est, quand même, assez inquiétant, oppressant, angoissant. Un roman fantastique et régionaliste de qualité, un peu court quand même. Mais c'est à lire.