Tombeau pour cinq cent mille soldats
de Pierre Guyotat

critiqué par Bookivore, le 2 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Malsain
Mort l'an dernier dans une indifférence assez impressionnante, Pierre Guyotat était un de nos écrivains les plus atypiques.
Je n'ai lu que deux livres de lui, celui-ci et "Eden, Eden, Eden", et si j'ai pu aller jusqu'au bout du deuxième cité (il n'est pas très long), celui-ci, paru en 1967, très long (et doté de chapitres aussi peu nombreux que très épais), je n'ai pas pu le finir, ayant stoppé les rotatives après 350 pages. Je n'en ressens pas l'envie, en plus, de le reprendre, de le finir...
Interdit dans les casernes militaires françaises à l'époque, sujet d'un gros scandale, "Tombeau Pour 500 000 Soldats" est une oeuvre totalement inclassable. Ne vous fiez pas à ma note (la moyenne, tout juste), j'aurais pu mettre la pire note comme la meilleure que l'on puisse mettre sur le site, ça en reviendrait au même : ce roman n'est pas notable. Je ne l'ai pas aimé (sinon, j'aurais été jusqu'au bout), je ne l'ai pas détesté (sinon, au bout de 100 pages, j'aurais stoppé tout et balancé ce livre). Je n'ai pas d'avis.
Sauf que si, en fait. D'ordinaire, les romans qui sont un peu trash, voire même qui le sont carrément, comme "American Psycho" de Bret Easton Ellis, ou (trash pour son époque) "Le Jardin des supplices" de Mirbeau, j'aime. J'aime bien être secoué, des fois, quand je lis. Mais là, dans cette histoire se passant pendant une guerre dans un pays fictif (la ville d'Ectabane, précisément, fictive), on n'est pas secoué, on est bringuebalé, attaché à poil au cul d'un camion, tracté par les bras pendant qu'il roule à toute vitesse sur une route caillouteuse, et ensuite, on est achevé à coups de matraques électriques, arrosé d'essence à briquet et violemment sod...
Oula, je m'arrête.
Vous avez compris le sens général. Ce roman n'est qu'une succession, page par page (de longs paragraphes), de sévices du genre viols, tabasseries, meurtres, sur des femmes, des hommes, des enfants. Des relations sexuelles souvent, très souvent, assez épicées (le mot "sperme" est sans doute celui qui revient le plus souvent ici, sans doute plus que "le", "la", "et" ou "de"). Au bout de 20 pages, on n'en peut plus. Comment ai-je bien pu faire pour tenir 350 pages, un peu plus de la moitié, c'est une énigme à peu près aussi insoluble que celle des pyramides égyptiennes...