Entretiens avec un ermite de la sainte Montagne sur la prière du coeur
de Hiérothée Vlachos

critiqué par CC.RIDER, le 30 juin 2021
( - 66 ans)


La note:  étoiles
La voie du cœur
Qu’est-ce que « la prière du cœur », appelée également « prière de Jésus » ? Un peu à la manière des « Ave Maria » catholiques, il s’agit pour les orthodoxes de répéter la courte supplication suivante : « Seigneur Jésus, fils du Dieu vivant, prends pitié de moi, pêcheur ». Pour le néophyte qui vient l’apprendre d’un moine du mont Athos, c’est ni plus ni moins que le « battement mystique de notre cœur », la voie magistrale de progression vers une spiritualité menant à l’illumination et l’un des piliers fondamentaux de la mystique orthodoxe. Elle permet une montée en puissance sur la voie de l’ascétisme, une purification de la partie passionnelle de l’âme, une acquisition de l’infaillibilité et une participation à la vie de la bienheureuse Trinité à condition de respecter un certain nombre d’obligations. Vivre dans la triple pauvreté, matérielle (dénuement physique), spirituelle (obéissance) et corporelle (chasteté). Toujours rechercher le silence et le recueillement. Dieu ne peut pas s’exprimer dans le bruit et l’agitation. Ne pas chercher à brûler les étapes. Faire preuve de patience et d’humilité en toutes choses. Et être toujours accompagné d’un père spirituel pour vous aider à discerner le bien du mal, les manifestations divines des agissements du malin.
Ces entretiens sont un traité de spiritualité et de mysticisme de très haut niveau. Ils pourraient représenter le dernier volet d’une quadrilogie formée avec trois autres ouvrages traitant du même sujet par d’autres aspects : « Le pèlerin russe », « Petite philocalie de la prière du cœur » et « Paroles des Anciens, apophtegmes des pères du désert », tant ces textes sont voisins ou complémentaires. Celui-ci n’a pas la fraicheur naïve du pèlerin, mais il permet de mieux comprendre sa démarche. Et, comme les deux derniers, il regorge de citations de saints orthodoxes et de pères du désert, ces premiers ermites, moines et ascètes qui se réfugièrent dans les déserts du Moyen-Orient pour mieux se rapprocher du Créateur. Même si cette voie semble difficile, la lecture et la compréhension de la méthode ne l’est pas, ce qui est souhaitable dans le cadre d’un ouvrage de vulgarisation qui peut intéresser chercheurs de vérité, théologiens et amateurs de spiritualité, lesquels d’ailleurs ne manqueront pas de relever toutes les similitudes avec les voies de méditation et d’illumination orientale.