Beethoven: Le prix de la liberté
de Régis Penet

critiqué par Kostog, le 28 juin 2021
( - 52 ans)


La note:  étoiles
L'insoumis
Amateurs du grand compositeur, précipitez-vous pour acquérir cette magnifique bande dessinée. Vous ne serez pas déçus.

Régis Penet a choisi d'aborder Beethoven par le biais d'un épisode de sa vie : 1806, le natif de Bonn a 36 ans. Il réside dans le château de Silésie du prince Carl Alois von Lichnowsky, son ami et mécène. L'épouse du prince Maria Wilhelmine von Thun und Hohenstein est une pianiste virtuose et également une grande admiratrice de l'œuvre du maître. La complicité musicale qui unit le compositeur et son interprète s'étend au jeune fils du couple princier, Eduard, narrateur de l'histoire.

C’est le temps des grandes conquêtes napoléoniennes. L’Autriche est désormais occupée par les troupes françaises. Pour montrer aux officiers français qu’il reçoit à dîner, « ce que reste un prince d’Autriche », Lichnowsky met un point d’honneur à ce que le compositeur joue devant ses hôtes. Mais Beethoven refuse de paraître devant les « serviteurs de la tyrannie », se sentant offensé par l’attitude de son protecteur qui veut l’exhiber. Il restera un homme libre quitte à se fâcher avec ce dernier et à se passer de son soutien !

Par le moyen de cette anecdote et de ces quelques journées, Régis Penet fait œuvre biographique et dresse un portrait particulièrement réussi de Beethoven : un génie sûr de son talent, épris de liberté, capable d’être intransigeant pour que celle-ci ne demeure pas un simple mot. La perception qu’il offre du compositeur par le regard du jeune prince permet également de ressentir son combat avec la surdité, son besoin de solitude et un rapport avec la nature et les arbres, admirablement rendu par certaines cases, et qui n’est pas souvent mis en avant dans les biographies classiques.

L’album est en noir et blanc, un choix esthétique qui convient parfaitement au style de Penet à la fois maître des détails, tout en donnant au jeu des physionomies une marque propre et convaincante.

Il est probable que les mélomanes cultivés apprendront peu de choses, mais cela ne les empêchera en rien de goûter la qualité visuelle, la beauté des encrages de ce roman graphique. Quant aux lecteurs qui connaissent peu la vie de Beethoven, la bande dessinée de Régis Penet, par ses quelques retours en arrière, son introduction et son dénouement, leur permettra de s’instruire en tenant dans leurs mains un album qui comblera les amateurs de dessin les plus exigeants.