La tyrannie du mérite : Qu'avons-nous fait du bien commun ?
de Michael J. Sandel

critiqué par Colen8, le 22 juin 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Le rêve américain pourrait virer au cauchemar
L’aristocratie des élites en lieu et place de celle de la naissance a pu conduire à la démocratie. Les privilèges accumulés au fil des générations par ces élites ont été le fruit du travail, de l’autonomie, de l’engagement personnel et de l’éducation. Sans doute seraient-ils justifiés si n’entrait en ligne de compte pour une bonne part le facteur chance. En bref les inégalités enregistrées aux Etats-Unis entre le 1% de la classe supérieure et les 50% des plus pauvres se sont creusées depuis les années 1960. Il devient urgent d’ouvrir une alternative au modèle méritocratique fondé sur la course aux diplômes d’universités prestigieuses de plus en plus sélectives en dépit des tentatives de discrimination positive.
La crise sanitaire a bien montré à quel point le travail des enseignants, des soignants, les petits boulots de service essentiels au bien commun étaient celui des relégués du bas de l’échelle sociale. Si l’on y ajoute les non diplômés privés d’emplois par les délocalisations industrielles, l’espoir de mobilité ascendante longtemps vécu comme la colonne vertébrale du système ne cesse de reculer. La solution consiste à redonner sa dignité au travail quel qu’il soit, à favoriser la formation professionnelle aux métiers émergents, car rien n’est plus humiliant que de vivre d’allocations perçues comme aumônes qui maintiennent à l’écart de la collectivité.
Le remède nécessaire à de flagrantes injustices déjà maintes fois abordé sous des angles différents serait selon les arguments de Michaël Sandel la prise de conscience des dérives exercées par la course au mérite universitaire comme tremplin de la réussite ultérieure. Il propose d’engager une réflexion de philosophie politique, de faire changer les mentalités sur la base de ces réalités entretenant un profond ressentiment chez les exclus. Car ce sont les excès de la méritocratie qui les font se tourner vers le nationalisme et le populisme