La face nord du cœur
de Dolores Redondo

critiqué par Marvic, le 1 octobre 2021
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Amaia et Katrina
Amaia Salazar est en stage à Quantico. Elle attend avec intérêt la conférence de l’agent spécial Dupree, membre renommé et compétent du FBI.
Mais ce dernier a une attitude déconcertante avec la jeune sous-inspectrice. Tour à tour attentif, blessant, encourageant, humiliant, déstabilisant et agressant Amaia.
Qui apprendra rapidement les raisons de ce comportement : Dupree a besoin d’elle pour résoudre une affaire intrigante et terrifiante. Une famille de 6 personnes, la grand-mère, le père, la mère et les trois enfants ont été abattus dans leur maison juste après le passage d’un ouragan. Heureusement, un témoin a aperçu le tueur, rapidement nommé le Compositeur.
Dupree sait qu’Amaia est très brillante ; elle possède le don que seules les personnes ayant vécu ou ayant été confrontées à la mort, détiennent. Comme lui.
Des chapitres permettant de mieux la comprendre, relatent son enfance tragique dans la vallée du Baztan, au village d’Elizendo, qu’elle a été obligée de quitter pour éviter d’y mourir.
C’est cette acuité, la perception des événements et des gens, qui vont lui permettre de trouver à chaque fois le petit détail qui fera avancer les enquêtes de la brigade criminelle.
Quand tous les indices convergent vers la concomitance de catastrophes naturelles avec les meurtres, toute l’équipe se rend à la Nouvelle-Orléans sur laquelle se dirige Katrina qui se révélera être l’un des plus grands ouragans. Dans cette ville où la majorité des habitations est construite 2 m au-dessous du niveau de la mer.
L’arrivée dans cette ville lèvera certains secrets personnels des uns et des autres, les emmenant sur la piste terrifiante d’un certain Baron Samedi.
Trouver un tueur en série dans une ville inondée, ravagée, où policiers et secours sont débordés par les appels de milliers de personnes, devient encore plus complexe. Communications difficiles, déplacements limités et risqués sur une eau pestilentielle qui brouille tous les repères, et, au fil des heures et des jours où les rescapés se sentent abandonnés, la haine raciale est exacerbée.

Dans ce dernier roman de Dolorès Redondo, j’ai retrouvé tout ce qui m’avait passionnée dans la trilogie du Baztan, où l’on suivait la sous-inspectrice Salazar sur ses terres basques. La même héroïne entêtée et tellement fragile. Dans cette trilogie, la famille tenait une place importante, avec des événements qui ne me semblent pas correspondre avec les chapitres sur son enfance de celui-ci. Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’avoir lus les précédents pour apprécier ce livre.
On retrouve aussi toujours un peu de magie, d’inexplicable ; en Louisiane, ce sera le culte vaudou avec des analogies aux croyances basques.
Malgré ses 675 pages, ce livre se lit incroyablement vite ; même si on a déjà lu des récits où l’ouragan était le centre du roman, le sort des sinistrés, des malades, la vie après le passage de l’ouragan, et surtout la lenteur des interventions massives qui mettront plus de 4 jours pour arriver, interpellent et sidèrent le lecteur.
Parfois déroutant, mais toujours passionnant.