Lost man
de Jane Harper

critiqué par Ayor, le 22 juin 2021
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Quelle ambiance !
L'autrice instaure une ambiance particulièrement réussie à son thriller domestique.

Pesante, tendue, empreinte d'une certaine tristesse et d'un grand désœuvrement, elle met en scène une famille de fermiers déchirée par un drame qui aura le mérite de mettre en lumière son caractère dysfonctionnel.

Le suspense est total, le rythme parfait et en adéquation avec cette terrible chaleur sévissant dans l'outback australien.

Enfin, les profils travaillés des personnages viennent parfaire une œuvre fort bien maîtrisée du début à la fin.
Mort dans l'outback 9 étoiles

En pleine solitude désertique et torride de l’outback australien se dresse une stèle en mémoire d’un stockman (gardien de bétail) trouvé mort à cet endroit il y a environ un siècle. Au début du roman, c’est le cadavre de Cameron Bright, propriétaire d’une exploitation d’élevage de la région qu’on découvre près de la stèle, mort de déshydratation. Sur les lieux, les deux frères, Nathan et Bub, s’interrogent et répondent aux questions de la police. La situation est incompréhensible. Cameron, fermier dans la région, connaissait pleinement les dangers du désert et les précautions à prendre avant de s’y risquer. Le mystère s’épaissit encore quand on découvre sa voiture à une dizaine de km, en parfait état de marche, clés sur le siège, coffre garni de vivres et de provisions d’eau et d’essence, bref tout ce qu’il faut pour survivre dans cette zone inhospitalière.

Nathan, dont la ferme se trouve à trois heures de route de celle de Cameron, retourne dans celle-ci pour l’enterrement et pour les toutes proches fêtes de fin d’année. C’est dans cette ferme que vivent la mère des trois frères, Bub, le plus jeune, Ilse, la veuve de Cameron et ses deux fillettes, « oncle Harry » enfin, un vieux domestique qui fait pour ainsi dire partie de la famille.
Durant ces loisirs forcés, Nathan va se remémorer le passé, apprendre les secrets des uns et des autres et reconstituer les derniers jours de Cameron afin de comprendre pourquoi ce dernier, un homme que tous appréciaient dans la région, a trouvé la mort dans des conditions aussi énigmatiques.

Un excellent roman à la limite du thriller psychologique. Une atmosphère lourde et des personnages qui se révèlent peu à peu dans toute leur complexité. Quant à cet outback grandiose et menaçant, loin de ne constituer qu’un décor pittoresque il est au contraire en permanence au cœur de l’intrigue, que ce soit concrètement ou dans l’esprit des personnages.
La fin est surprenante.

Citation du livre à propos de l’outback :

« Cet endroit où les rivières débordaient sans même qu’il pleuve, où des coquillages fossilisés s’empilaient à mille cinq cents kilomètres de la mer, et où les hommes qui abandonnaient leur voiture marchaient vers une mort certaine. »

Malic - - 82 ans - 27 octobre 2021