Meurtres au Conseil d'Etat
de Jean Lebon

critiqué par Patman, le 21 juin 2021
(Paris - 61 ans)


La note:  étoiles
du rififi chez les Sages
Par un beau soir de fin d'automne, la Mort s'invite dans la monotonie ronronnante d'une séance de la très sérieuse et docte Section de l'Intérieur du Conseil d’État. Un rapporteur qui s'effondre en plein délibéré, voilà qui fait désordre dans cette vénérable institution. Plus encore lorsque l'on apprend que le pauvre homme a été empoisonné ! Un meurtre ! Un meurtre au Conseil d’État ! Voilà qui émeut jusqu'aux plus hauts sommets de l’État ! Et quand quelques jours plus tard c'est une éminente avocate aux conseils qui est retrouvée étranglée au pied du Grand Escalier au sortir d'une Assemblée du Contentieux, l'affaire s'enflamme encore plus. La presse parle du "fantôme du Palais-royal" et beaucoup de conseillers se terrent chez eux. L'huissier du Vice-président est lui aussi retrouvé étranglé le lundi suivant dans la petite chapelle jouxtant la bibliothèque et qui sert de débarras. Une enquête serrée est lancée. Le ministre de l'Intérieur met son meilleur limier sur le coup, la présidence de la République envoie ses barbouzes et de son côté, Marc Ovide, maître des requêtes de son état, se lance aussi à la recherche du coupable.
Un petit polar classique et sans prétention qui se lit rapidement et avec un certain plaisir. L'occasion pour le grand public de découvrir l'envers du décor de cette vénérable institution créée en 1799 par le Premier Consul Bonaparte et que, finalement, peu de gens connaissent. Ne cherchez pas de biographie de ce Jean Lebon, il n'existe pas, c'est un pseudonyme qu'a pris l'auteur, non sans humour d'ailleurs, le "recueil Lebon" étant la "bible" des membres du Conseil d’État. Vu sa connaissance des lieux et des us et coutumes de cette bonne vieille maison, c'est à n'en point douter un membre du CE lui-même qui nous a concocté cette petite pépite de drôlerie, car ce livre est drôle. Sans doute plus encore pour les "initiés" qui connaissent bien la maison, mais aussi pour les profanes qui découvriront une galerie de personnages loufoques et de situations cocasses.
Une belle petite lecture d'été en attendant, qui sait, de venir découvrir les lieux lors des prochaines journées du patrimoine.