La dernière migration
de Roger Frison-Roche

critiqué par Bookivore, le 23 juin 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Lumière de l'Arctique - tome 2
Roger Frison-Roche nous avait, avec "Le Rapt", offert un excellent roman d'aventures en même temps qu'une chronique sociale, dont l'action se situait en Laponie, et abordait le sujet de l'identité et de l'intégration. Un clan de lapons "lutte" pour préserver son troupeau de rennes, menacé de rapt par un clan adverse sous prétexte d'une vendetta ancienne. Et la fille, un peu sauvageonne, adolescente, du chef de la cita ("village lapon"), Kristina, était, elle, forcée de partir à la ville, en Norvège, pour devenir une brave et bonne petite norvégienne civilisée, elle qui n'aspirait qu'à rester dans sa cita, dans la nature...
Le roman était le premier d'un diptyque du nom de "Lumière de l'Arctique".

En 1965, soit trois ans après "Le Rapt" (qui obtint un prix pour la littérature jeunesse), Frison-Roche nous offre la suite et fin de son diptyque lapon : "La Dernière Migration". L'action démarre quelques mois après la fin du "Rapt". Kristina est revenue dans sa cita, avec celui dont elle est tombée amoureuse, Paavi le Finsk (métis de lapon et de Finlandais),qui gère le troupeau depuis que Simon Sokki, le père de Kristina et chef de la cita, est porté disparu. Le temps de la migration et du troupeau, et de la cita, en direction des terres du littoral, afin d'y passer les mois d'été, est venu : c'est l'arrivée du Vieux (un homme âgé, mais de quel âge, nul ne le sait ; un peu chaman sur les bords, très sachant) qui lance le départ. En l'absence de Simon, c'est Ellena, sa femme, qui va mener l'ensemble. Le parcours, un vrai périple, ne sera pas sans embûches, notamment la présence d'un loup rôdant autour des migrants. Cette migration sera peut-être bien la dernière pour les samisks (nom lapon des Lapons), vu la menace qui plane autour d'eux : une intégration plus ou moins forcée à la civilisation scandinave, vu que leur mode de vie quelque peu païen et archaïque ne plaît pas en haut lieu. Si, pour certains, ça pourrait coller, pour d'autres, et surtout pour Kristina, c'est niet, nix, nein, no, non, wallou, peanuts, faut même pas y penser.

Un excellent roman de plus pour Frison-Roche, décidément, mis à part éventuellement "La Montagne Aux Ecritures" (et encore), il n'y a rien à jeter parmi tout ce que j'ai pu lire de lui à ce jour, une dizaine de romans. Aussi réussi que "Le Rapt", "La Dernière Migration" offre presque 400 pages d'un récit rempli de grands espaces, avec une écriture aussi sobre que magnifique (seul reproche : l'abus de points d'exclamations, utilisés parfois, hors dialogues, pour des phrases qui n'en nécessitent pas ; et la toute dernière phrase du livre, que je ne citerai pas pour ne pas spoiler, et qui est elle aussi concernée par ce reproche par ailleurs, est franchement ratée, maladroite).
Vraiment un très bon moment de lecture que ce diptyque, en résumé !