Retour à Babylone
de Kenneth Anger

critiqué par Bookivore, le 14 juin 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Holly Baby 2
"Holly Baby 1", c'est sous ce petit nom bien sympathique (et qui, prononcé en anglais, est presque la prononciation du titre du livre) que Kenneth Anger, parfois, dans "Retour A Babylone", nomme "Hollywood Babylone", son cultissime livre paru dans les années 50, vrai who's who du scandale hollywoodien des années 20 aux années 50 (avec un chapitre rajouté par la suite, consacré aux années 60). Le livre, richement illustré de photos dont certaines ne montraient pas les stars concernées à leur avantage (mais dans l'ensemble, si, quand même), abordait d'un oeil à la fois humoristique, méchamment cynique et très affectueux les divers scandales qui avaient entaché Hollywood, et aussi forgé la légende de ce temple du cinéma à l'américaine : drogue, sexe, mafia, morts suspectes, suicides, alcool, folie... Tout y passait. De la part d'un écrivain et cinéaste aussi sulfureux que Kenneth Anger, ça avait vraiment de quoi susciter des réactions outragées de la part des autres : un peu comme si Vladimir Poutine sortait un livre dans lequel il dénonçait les scandales électoraux et les dictateurs en clamant que c'est pas bien.
Mais le livre était amusant, sympa à lire, édifiant, on se dit que niveau scandales et histoires glauques, tout a été inventé au début du XXème siècle, et ce que l'on vit maintenant n'est qu'un reboot.

Dans les années 80, Anger sortira un "Hollywood Babylon 2" qui, en français, sera traduit par "Retour A Babylone" et est publié chez le même éditeur que le premier opus. Même épaisseur (environ), même code graphique, même abondance de photos. "Retour A Babylone" reprend les hostilités là où le précédent opus s'est arrêté et offre notamment et surtout un long (presque 100 pages ! Quasiment le tiers du livre) chapitre consacré à toutes les célébrités (acteurs, réalisateurs, scénaristes, producteurs, techniciens...) qui, entre les années 20 et 80 (on s'arrête à 1983), se sont donné la mort, par flinguage, empoisonnement, pendaison, médicaments, défenestration, etc, ils sont classés par catégories et par ordre alphabétique, et pour plusieurs, avec de petites photos (pas de leur suicide, hein). "La Magie Du Suicide", qu'il s'appelle, ce chapitre (ironie, douce ironie). Marilyn Monroe y est très rapidement abordée, Anger ne dit que le strict nécessaire, expliquant la brièveté de son paragraphe (plus court que celui que vous êtes en train de lire) par le fait que tout a déjà été dit sur Marilyn.

Sinon, on parle aussi de Loretta Young la grenouille de bénitier, de Bill Haines, acteur homosexuel revendiqué contraint de se reconvertir en décorateur en raison de ses préférences sexuelles (on apprend par la même occasion les raisons du renvoi du réalisateur George Cukor du projet "Autant en Emporte le Vent" par Clark Gable, qui fera engager Victor Fleming à la place ; ces raisons ne sont pas jolies-jolies, et en lien indirect avec Haines), de Joe Kennedy, papa de JFK et RFK, dont les tentatives de production furent plutôt moyennes et douteuses, et encore une fois, de came, de cul, de mafia, de morts suspectes...

C'est presque aussi réussi que le précédent livre. D'où ma note légèrement inférieure à celle que j'ai donné au précédent livre dans ma critique-éclair.