Les "pétroleuses"
de Edith Thomas

critiqué par CHALOT, le 7 juin 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un hommage poignant
LES PETROLEUSES
Livre écrit par Edith Thomas
Préface de Bernard Noël
Editions Lamourier
363 pages
Réédition


« Édith Thomas est une romancière, archiviste, historienne et journaliste française, née le 23 janvier 1909 à Montrouge (Hauts-de-Seine) et morte le 7 décembre 1970 à Paris »
Ce livre publié en 1963 vient d’être réédité.
C’est une initiative utile et heureuse que cette histoire de la commune, ses causes, son déroulement et ce regard spécifique sur le rôle et la place des femmes.
Le premier chapitre est consacré à la vie difficile des femmes, de toutes les femmes et surtout de celles issues des milieux populaires. Elles sont sous-payées quand elles peuvent travailler et sont à la merci du bon vouloir de leurs maris, pour la plupart.
Les socialistes sont divisés sur la place des femmes.
Proudhon, lui, considère qu’elles ont leur place dans la maison ! :
Pour les proudhoniens, « la famille doit être une « monarchie absolue », où le père doit régner sans conteste. ».
Les femmes ne l’entendent pas ainsi, beaucoup s’engagent dans la Commune de Paris en participant aux clubs et aux combats, souvent les armes à la main.
Accusées à tort d’avoir voulu incendier Paris au moment de l’entrée des troupes versaillaises le 21 mai 1871, elles revendiquent leur radicalité et affirment un humanisme social.
Ce terme de « pétroleuses » inventé par les amis de Thiers sera revendiqué par ces femmes et toutes les féministes qui depuis cette époque combattent pour la totale égalité des droits.
L’auteure nous présente des dizaines et dizaines de femmes, certaines ayant laissé un nom et d’autres, anonymes qui seront massacrées par les versaillais ou envoyées en déportation en Nouvelle Calédonie ou en Guyane.

Un chapitre entier est consacré à André Léo, une grande journaliste.
Oui, c’est une femme qui a choisi ce nom pour pouvoir écrire et être éditée.
Elle a occupé une place particulière n’hésitant pas à critiquer la Commune et son organisation.
« André Léo ne perd jamais de vue les deux objectifs les plus urgents, si la Commune veut triompher : l’appui indispensable de la province, la lutte armée contre Versailles ».

La Commune, ce sont les combats, la résistance mais aussi une œuvre sociale et éducative qui laissera des traces . C’est l’amorce des allocations familiales et la première école publique, gratuite et laïque.
Elle servira de modèle aux républicains lors de l’élaboration des grandes lois scolaires qui verront le jour la décennie suivante.
Si de nombreux écrivains ont critiqué, voire dénoncé, cette première révolution sociale et citoyenne, d’autres comme Hugo, Verlaine et Rimbaud écriront des grands hommages.

Jean François Chalot