Les demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du grand oeuvre
de Fulcanelli

critiqué par Bookivore, le 25 mai 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Second et ultime chef d'oeuvre d'un Maître inconnu
5 étoiles en notant sévèrement, parce qu'il est hélas impossible, sur le site, de donner plus, mais il mériterait clairement 20/5.
Sorti en, il me semble, trois tomes à l'époque (1929), par la suite réédité, par Pauvert, en deux tomes, "Les Demeures Philosophales", qui n'a pas été correctement réédité depuis 30 ans (la plus récente réédition, chez un autre éditeur, et il me semble en un seul tome, oublie le dernier chapitre), est le deuxième et dernier livre de Fulcanelli, auteur mystérieux dont j'ai parlé ici récemment via son premier livre (1926), "Le Mystère Des Cathédrales".
Ce premier livre était un essai court (200 pages) absolument passionnant sur les symboles hermétiques cachés situés dans l'architecture de certains lieux sacrés (Notre-Dame de Paris, Amiens) et séculiers (deux monuments à Bourges).
Fulcanelli était un alchimiste et hermétiste dont l'identité était seule connue de son éditeur et disciple Eugène Canseliet. Je ne vais pas revenir sur cette histoire, lisez la chronique du "Mystère..." pour en savoir plus ou pour une piqûre de rappel.
Si "Le Mystère..." était court, "Les Demeures Philosophales", richement illustré de photos (dans l'ancienne édition, c'était des dessins de Julien Champagne, certains sont encore là dans le tome 2, dans son long premier chapitre), est épais, 850 pages (dont 50 de préfaces de Canseliet). Comme pour le précédent livre, c'est sérieux sans être solennel et pompeux, et c'est exigeant, mais facile à lire, et surtout absolument passionnant. Fulcanelli reprend le concept, et le développe, en analysant les symboles situés dans des maisons construites ou décorées selon des codes chers à l'hermétisme. Le manoir de la Salamandre à Lisieux (contrairement à ce qui est dit dans la préface écrite pour la première réédition, ce manoir n'a pas été détruit en 1944 par un bombardement, mais déplacé ailleurs qu'à Lisieux), la Maison de LHomme des Bois de Thiers (musée de la coutellerie), la Maison d'Adam et Eve au Mans, le tombeau de François II (duc de Bretagne) dans la cathédrale de Nantes... Un chapitre de 220 pages, un peu plus de la moitié du tome 2, est consacré à l'analyse de la soixantaine de caissons du plafond d'une galerie du château de Dampierre-Sur-Boutonne (Charente-Maritime). Ca pourrait sembler fastidieux à lire, mais il n'en est rien.
Fulcanelli fait aussi un rapide (enfin, 160 pages tout de même) aperçu global de l'alchimie dans la première partie, avant d'aborder la poignée (moins de 8) des demeures philosophales qu'il décortique.
Je ne saurais dire à quel point cette lecture m'a emporté. J'ai lu le livre en deux jours, autrefois, sans parvenir à le lâcher (mais il faut bien se nourrir et dormir), et je pensais, je craignais, qu'une deuxième lecture serait fastidieuse, l'euphorie de la première lecture ne pouvant être reproduite. Mais j'ai eu tort. A chaque nouvelle lecture, depuis les 6 ou 7 ans que je connais ce livre, c'est la même chose. Un de mes livres de chevet, assurément, un chef d'oeuvre.