La mort dans l'âme
de Maxime Houde

critiqué par Libris québécis, le 30 août 2004
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Montréalaises assassinées en série
Le Montréal des années 40 est surtout renommé pour son quartier glauque, désigné sous le nom de Red Light, où foisonnent les lupanars que l'on repère facilement grâce à l’ampoule rouge allumée à leur porte. Les travailleuses du sexe y exercent leur métier dans un environnement plus sécuritaire que celui d’aujourd'hui.
Parmi elles se retrouve Fleurette, l'amie de Stan Coveleski, un détective privé qui l'a choisie comme confidente. C’est lors d’une perquisition dans une maison close que cet ancien policier rencontre Frank DeVries, un collègue devenu chef enquêteur pour la Police municipale de Montréal. Ce dernier profite de l'occasion pour lui demander de reprendre du service afin de l’appuyer dans son enquête entourant l’assassinat en série de femmes abusées sexuellement avant de connaître la mort. Stan refuse catégoriquement cette offre jusqu’à ce que Fleurette devienne elle aussi la proie du désaxé qui s'en prend à ses victimes selon un rituel quasi religieux.
Les deux anciens camarades unissent donc leurs efforts pour mettre le grappin sur ce tueur en série, sans doute affecté d’un déséquilibre mental issu de l’enfance. Les suspects, répondant à ce profil suite aux examens des psychiatres de l’hôpital St-Jean-de-Dieu (aujourd’hui Louis-Hippolyte-Lafontaine), paradent dans le bureau de DeVries, dont les méthodes sont souvent contestées par ses subalternes. Faisant fi des critiques, il continue d’agir avec brusquerie en fonction de ses intuitions qui, d’ailleurs, ne le trompent jamais. À cause de l’élection municipale prévue pour le mois de novembre, il sent une pression énorme s’exercer sur ses épaules pour qu’il passe rapidement les menottes au meurtrier, lequel rappelle Jason dans Vendredi 13. Peu importe les preuves, il faut un coupable pour rassurer la population, surtout féminine. Rien de mieux alors que d’en fabriquer un, surtout quand des magouilleurs, à qui profiterait la condamnation, font miroiter des sommes d’argent importantes.
Un volet amoureux ajoute de la profondeur à ce roman policier. Stan Coveleski vient de se séparer de Kathryn au moment de l’enquête. Même s’il a trouvé une suppléante en la personne de Fleurette, il espère le retour de sa femme qui travaille au Centre Bell, principale entreprise de téléphonie au Canada. La mort dans l’âme, il la poursuit au volant de sa Studebaker 1947, espérant la coincer dans un lieu favorable à la réconciliation malgré la gifle qu’il lui a administrée suite aux pressions découlant de son métier de flic.
Ce polar conventionnel plaira aux amateurs du genre, et le dénouement en surprendra plus d’un. L’auteur garde constamment l’intérêt en menant rondement l’enquête, qui s’inscrit habilement dans le contexte social montréalais de 1947. En somme, une oeuvre qui repose sur des assises solides, mais fissurées par quelques anachronismes au niveau des institutions inexistantes à l’époque. Au plan littéraire, la facture pourrait déplaire. On croirait lire un scénario de film tellement les dialogues accaparent l’œuvre par ses longueurs. De plus, l’écriture, quoique efficace, ressemble à celle d’un bon élève. Malgré tout, ce polar ne dépare pas la liste des bons « serial killers ».