L'Intelligence humaine n'est pas un algorithme
de Olivier Houdé

critiqué par Colen8, le 17 mai 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Améliorer son intelligence à tout âge
Point n’est besoin de se faire implanter des nanopuces de silicium pour renforcer son intellect, tout du moins ses capacités de raisonnement. Ce que laisse entendre le psychologue Olivier Houdé spécialiste du développement et de l’éducation de l’enfant, les intelligences reconnues jusqu’à présent, l’une intuitive immédiate et parfois trompeuse désignée heuristique, l’autre plus lente mais exacte car fondée sur les algorithmes logiques ont négligé une troisième forme de contrôle-inhibition de la première au profit de la seconde. Sise dans le cortex préfrontal, révélée par les tests et observations à l’IRM anatomique et fonctionnelle depuis une vingtaine d’années celle-ci serait la fonction clé de l’intelligence pour se doter d’un cerveau robuste à l’intox et fin stratège grâce à un apprentissage amenant une réelle prise de conscience !
Si une succession de travaux depuis un siècle converge vers cette théorie il ne faudrait pas faire l’impasse des philosophes antérieurs qui l’ont évoquée en leurs propres termes : Montaigne, Pascal et son esprit de finesse, Spinoza ou Rousseau et même Kant. La série moderne commence avec Alfred Binet le précurseur à l’origine du QI, suivie des stades successifs de l’esprit en escalier de Jean Piaget, puis la théorie des biais cognitifs énoncée par Daniel Kahneman prix Nobel d’économie avec son co-auteur Jonathan Evans, celle des mécanismes de variation-sélections définis comme le darwinisme neuronal-mental par Jean-Pierre Changeux, enfin l’évaluation émotionnelle des résultats d’un choix émanant du neurobiologiste Antonio Damasio.
Tout en reconnaissant à l’IA fondée sur les réseaux de neurones artificiels des capacités de « deep learning » (auto-apprentissage profond) Olivier Houdé fait observer à juste titre ce paradoxe : les développeurs humains introduisent leurs propres biais cognitifs dans le codage des algorithmes surpuissants d’IA, sources d’erreurs d’autant plus difficiles à détecter qu’ils ne s’en rendent pas même compte. L’intelligence ne se bornant pas à la connaissance le scientifique propose des pistes toujours expérimentales pour accompagner le raisonnement des enfants dès l’école maternelle, le valoriser durant la suite des apprentissages scolaires en collaboration avec les enseignants du primaire, exploiter et partager les données recueillies via la communauté pédagogique https://lea.fr/ . Ce vaste champ de réflexion sur la nature de l’intelligence n’en est sans doute qu’à ses débuts.