Les contes de Perrault : culture savante et traditions populaires
de Marc Soriano

critiqué par Colen8, le 15 mai 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une enquête littéraire pleine de mystères
Bien malin qui aurait pu prévoir un succès planétaire sans fin à ce qui a été considéré sur le moment comme une suite de gentils textes tout justes bons à amuser les enfants : « Les contes de la Mère l’Oye (1695) » parus sans nom d’auteur. Première surprise, la paternité attribuée à Charles Perrault n’en a jamais été confirmée avec certitude, à l’exception peut-être des sept premiers « Contes en vers » de ce recueil qui en contient onze. Si son nom figure sur les couvertures des innombrables éditions ultérieures, l’hypothèse d’autres auteurs ou collaborateurs familiaux ne peut être exclue chacun d’eux ayant pu contribuer à la collecte, à l’inspiration, à l’écriture de ces morceaux littéraires ayant souvent une origine orale anonyme remontant au folklore médiéval ou plus ancienne, transmis par colportage, destinés à être entendus par des adultes durant les veillées des campagnes avant de devenir à la mode dans les salons littéraires.
En ce XVIIe siècle finissant la tribu de Pierre Perrault le grand bourgeois, avocat au Parlement de Paris, père de sept enfants saura faire parler d’elle. On en connait Jean l’aîné avocat comme son père, Pierre receveur des Finances mis en faillite, Claude le médecin-architecte, Nicolas le théologien janséniste, François décédé tout bébé, son jumeau Charles commis de Pierre avant de devenir bras droit de Colbert pendant vingt ans et d’être disgracié, Beaurain condisciple de Charles au collège des Oratoriens. Tandis que Charles a aussi le temps de devenir Académicien, à ce titre de s’opposer à Boileau dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, de faire montre d’un engagement sans faille au service de la propagande royale, de se piquer d’art et de bien d’autres talents, la génération suivante n’est pas en reste avec Pierre Darmancour fils de Charles tué aux armées à 21 ans et une nièce Mlle Lhéritier elle-même engagée en littérature.
Fort habile à entretenir le doute, Marc Soriano en rajoute un peu trop en avançant des supputations ponctuées de « vraisemblablement » sans fin, en n’hésitant pas à rapporter un portrait psychologique de Charles qui aurait été traumatisé dès l’enfance par la disparition de son jumeau pour expliquer la sélection des contes comportant les mésaventures des cadets mal aimés réduits à se faire valoir au moyen du merveilleux.