Le narrateur de cette nouvelle ne parle plus depuis le décès de sa mère survenu quand il avait dix ans. Perte dont il n’a jamais fait le deuil. Il en veut à la Vierge Marie qui « n’a pas levé le petit doigt pour empêcher la mort de sa mère » pour une autre Marie, qui était croyante. Depuis, il a, pour le moins, pris en aversion les statues de la Vierge.
Il parle néanmoins aux montres dont il répare le mécanisme grippé ou encrassé. Sur son lieu de travail, il rencontre, sans échanger avec elle une parole claire, l’autre femme de sa vie, une prénommée Madeleine, avec laquelle il se… marie. Madeleine est croyante elle aussi et se lie avec sa tante Léo. Elles prévoient, avec le narrateur et son père, un voyage à Lourdes qui comprendra la visite de l’inévitable grotte de la Vierge, lourde de sous-entendus. Là, il fera une découverte d’autant plus surprenante qu’elle va remuer des douleurs non cicatrisées.
Quant à Rose, il vous faudra lire le récit pour savoir quel va être son rôle…
Derrière le fil de l’intrigue, Claude Donnay interroge la fonction du langage et l’enracinement, toujours bien présent, des prénoms dans un fonds religieux (ou floral), donc irrationnel, et son retour inopiné à la faveur de circonstances particulières. Et quand l’inconscient collectif ou personnel refoule, cela peut avoir des conséquences funestes sur des individus qui n’ont pas pris la mesure de cette réalité. Quand on joue sur les prénoms, on atteint au plus intime des êtres, cela devient une question de vie ou de mort, nous dit à sa manière Claude Donnay, poète, romancier et éditeur.
Ce texte aussi réjouissant que bien conduit est paru dans l’allègre collection des Opuscules des Editions Lamiroy.
Kinbote - Jumet - 66 ans - 14 juin 2021 |