Garanti sans moraline
de Patrick Declerck

critiqué par Sahkti, le 30 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Sommes-nous fichus?
Quel agréable recueil de contes philosophiques que voilà ! Caustique à souhait, plein d’ironie et de lucidité, un véritable moment de plaisir. Patrick Declerck est un homme qui dessine notre monde en noir et aime le faire savoir. En espérant sans doute que cela créera chez nous un sursaut de réaction. Mais en sommes-nous capables ? On pourrait se le demander ! En lisant "Garanti sans moraline", aucun doute, nous allons droit à la catastrophe et c’est essentiellement de notre faute. L’homme a beau s’entourer de beaux principes et prôner les vertus de l’humanisme, l’humanité est moche et pourrie, or cette humanité, c’est nous qui la constituons. L’homme se détruit lui-même et il semble aimer ça. Sinon pourquoi continuer alors que toutes les sonnettes d’alarme sont tirées ? Patrick Declerck titille notre lucidité et il le fait avec beaucoup de brio, tout en informant qu’il va nous secouer. Le "Mea culpa" de Céline en préambule ne se trouve pas là par hasard. Ces nouvelles grinçantes sont comme autant de claques à recevoir, comme autant de sursauts à avoir.

La nouvelle "Le camp du Gai savoir" est une petite merveille de satyre et de bêtise humaine, la société y est croquée sans compromis et la stupidité humaine semble ne jamais devoir lasser place à un concept plus intelligent. Effarant.
Onze fables du désespoir et de la désillusion, dont certaines font penser à l’actualité sinistre des ces derniers mois, comme "Allah Akbar", un récit qui raconte la vie d’un soldat, une véritable ordure, connu pour sa brutalité, devenu interrogateur tortionnaire d’après les attentats de septembre 2001.
Ou la nouvelle "Comment un cochon devient végétarien" qui développe la vision d’un cochon en visite dans un abattoir à propos des humains. Une belle leçon sur cette sensibilité que nous revendiquons et ne semblons pourtant pas posséder.
"Murmures pour servir à l’ange du soir" est un récit étrange pour se préparer à la mort qui rôde, dur et poétique à la fois.
Je vous laisse découvrir par vous-mêmes les autres nouvelles de cet ouvrage à lire pour se secouer un peu.