L'inconnu de la poste
de Florence Aubenas

critiqué par Pacmann, le 1 mai 2021
(Tamise - 59 ans)

La note: étoiles

Essai sur le thème d’un meurtre ?

Cette chronique de la célèbre journaliste qui se lit comme un roman, évoque un épisode de la vie judiciaire de la province française tout en décrivant, comme dans d’autres de ses livres, une société malade.

Le personnage principal, Gérald Thomassin, est un acteur sorti de l’assistance publique par le cinéaste Jacques Doillon, et qui dans la foulée obtient le César du meilleur espoir masculin, facile puisque pratiquement il s’incarne lui-même. Parce qu’il a simplement joué son propre rôle, il va rapidement plonger dans l’oubli et va collectionner les ingrédients de la marginalité.

Est-il l’assassin d’une jeune postière, fille d’un notable de la petite ville de Montréal-la-Cluse ? Ou bien aurait-il joué le mauvais rôle dangereux d’un acteur déchu en se ventant maladroitement d’avoir été impliqué dans ce crime horrible ?

L’enquête piétine, les indices sont faibles ou non concordants, mais ce coupable idéal fait lui-même planer le doute sur une éventuelle implication.

La journaliste d’investigation va cerner au mieux les faits, la personnalité des témoins, celles des acteurs et alliés du suspect. Elle a aussi opéré une critique de ces juristes de tout poil qui partent tous de leurs convictions puisque les preuves manquent. Conforme à son habitude, Florence Aubenas s'intéresse aux gens et offre ainsi une forme d’humanisme à un récit qui aurait pu être raconté comme un simple fait divers froid.

Quand la littérature s’invite dans l’œuvre journalistique, cela donne ce magnifique résultat.

Enquête après enquête

Une bourgade tranquille, où tout le monde se connaît ; un bureau de poste "de poupée" à Montréal la Cluse, où Catherine Burgod travaille dans la bonne humeur et le respect de chacun.
Jusqu’au matin où son corps criblé de coups de couteau est retrouvé.
L’enquête commence, piétine ; les traces ADN retrouvées ne correspondent à aucune personne fichée.
Mais, dans ce petit village, est arrivé récemment un homme inconnu, au comportement étrange, et qui habite juste en face du bureau de Poste. Gérald Thomassin, acteur, drogué, semble un coupable idéal.
Ses amis Tintin et Rambouille, marginaux eux aussi, sont bien sûr interrogés.

Florence Aubenas a repris l’enquête sur cet homicide non élucidé.
Elle a même rencontré Thomassin.
Elle a cherché, écouté, croisé les informations jusqu’en 2019 où l’affaire arrive au parquet de Lyon.
Comme Philippe Jeanada dans la Serpe, elle a mené une enquête journalistique minutieuse, qui décortique les relations humaines, les blessures de l’enfance...

Moins marquant pour moi que le titre Le quai de Ouistreham, je reste admirative du travail de cette autrice journaliste dans cet écrit passionnant.

Marvic - Normandie - 66 ans - 22 octobre 2021