La fin du parti royaliste : 1889-1890
de Marc Desaubliaux

critiqué par CC.RIDER, le 29 avril 2021
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Occasions manquées
Que d’occasions manquées au XIXe siècle pour la cause royaliste ! En 1849, elle dispose de la majorité à l’Assemblée nationale et pourtant c’est Louis-Napoléon Bonaparte qui s’empare du pouvoir le 2 décembre 1851… En 1871, les royalistes se retrouvent à nouveau majoritaires et unis autour du comte de Chambord quand tout capote avec la querelle au sujet du rétablissement du drapeau blanc. Au-delà du symbole, deux conceptions de la monarchie s’affrontent : l’orléanisme et le légitimisme, monarchie constitutionnelle et absolutisme de droit divin… Et en 1883, à la mort du comte de Chambord, qui n’a jamais voulu transiger et a renoncé au trône, le nouveau prétendant, Louis-Philippe-Albert d’Orléans, comte de Paris, se retrouve à la tête d’un parti en pleine décomposition. Plus de majorité ni à l’Assemblée, ni au Sénat. Un gouvernement et un chef d’état républicains. Finalement, une forte poussée aux élections législatives de 1885 entraine le vote d’une loi d’exil frappant le Comte de Paris. Avec un prétendant malade et coupé des réalités du terrain, arrive la fin des espérances royalistes.
« La fin du parti royalistes » se présente comme un essai historique de grande qualité sur une très courte période assez peu connue de l’histoire du royalisme. L’auteur appuie son travail sur une très riche documentation (archives, témoignages, articles de presse). Le lecteur découvrira dans cet ouvrage majeur sur ce sujet précis combien fut délétère pour le mouvement l’alliance avec le boulangisme. L’importance du rôle de certains dirigeants tels Meyer jouant le fils contre le père et poussant au coup de force ou tels de Mun, le catholique social, ne parvenant pas à faire voter des mesures favorables au monde ouvrier. La désunion amènera une dérive vers la droite parlementaire classique pour certains ou vers un anti-parlementarisme de plus en plus virulent pour d’autres. Sans oublier la découverte de l’importance d’une presse royaliste constituée d’une nuée de petits journaux (250 à 300) parisiens ou provinciaux qui périclitèrent peu à peu. L’ouvrage s’achève sur l’évocation de Charles Maurras et de l’Action Française, mais ceci est une autre histoire, comme dirait Kipling. Au total, un opus à ne pas manquer pour qui s’intéresse à ce tournant de l’Histoire, avec en prime l’escapade chevaleresque mais ratée du jeune duc d’Orléans.