On n'efface pas les souvenirs
de Sophie Renouard

critiqué par Débézed, le 28 avril 2021
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Femme perdue sans mémoire
Septembre 2017, Annabelle et Gaspard baptisent leur petite dernière à Paris, la fête est magnifique mais les parents d’Annabelle souhaitent rejoindre la maison familiale de Lyons-la-Forêt le soir même. Annabelle décide de les accompagner avec ses deux fillettes dans sa propre voiture, son mari les rejoindra après être passé à son bureau pour régler quelques affaires urgentes. Annabelle doit s’arrêter en cours de route pour donner un biberon à son bébé qui pleure très fort, elle s’arrête devant un café de campagne, s’installe pour faire boire l’enfant, passe aux toilettes pour se laver les mains, et, là, elle est violemment agressée par deux inconnus qui l’emmènent dans le coffre de leur voiture. Personne n’a rien vu, rien entendu… Dans la maison familiale, la famille s’inquiète de plus en plus, au café la patronne s’étonne de l’absence de la mère, la police est appelée à la rescousse, l’enquête commence mais les indices sont très maigres.

A l’autre bout de la France, une voiture s’aventure dans une forêt perdue, à l’écart de toute habitation, deux hommes en sortent pour exécuter leur contrat, exterminer une jeune femme qu’ils abandonnent sous des branchages. Le lendemain un vieil homme vivant en ermite dans une bergerie désaffectée découvre cette jeune femme et l’emmène dans son logis où il tente de la soigner avec ses remèdes naturels et quelques comprimés que le médecin lui a prescrits et qu’il n’a jamais consommés. L’attente commence, la femme est dans un coma profond, il la veille et la soigne avec patience…

La police piétine, la famille voudrait l’aider, petit à petit en recensant de maigres indices, des signaux faibles, gendarmes et famille envisagent une hypothèse plausible. Pendant ce temps, la jeune femme a repris de la vitalité mais elle a totalement perdu le souvenir de ce qui s’est passé avant qu’elle se retrouve dans cette forêt perdue avec un vieillard qui croit encore que la guerre n’est pas terminée. Sophie Renouard noue une intrique bien ficelée qui s’appuie sur les sentiments les plus veules et les plus pervers de la nature humaine : jalousie, envie, … mais aussi sur des troubles mentaux comme la schizophrénie.

Pour l’auteure, ce texte est également l’occasion de mettre en évidence tout ce qui oppose deux mondes aux antipodes l’un de l’autre : le milieu de la grande bourgeoisie parisienne et le monde de la forêt primaire éloigné de la civilisation, la vie dans le luxe et la douceur et la vie de l’ermite qui se contente du minimum vital. Le lecteur décidera laquelle de ces deux vies répond le mieux à ses propres envies et aspirations.

Une intrigue haletante, pleine de suspens, une histoire remplie de tendresse et d’amour mais aussi de haine, de perversion et de violence. Un vrai roman noir … très noir !