Le mal noir
de Nina Nikolaevna Berberova

critiqué par Sahkti, le 29 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Ne jamais trouver sa place
Tout commence par une paire de boucles d'oreilles en diamant, qui semblent somptueuses et pourtant frappées du mal noir. Une tragédie qui semble ne pas quitter Evgueni, le narrateur, propriétaire des boucles et du malheur du monde. Quittant Paris pour New York, il y trouve du travail, puis une femme qui devient son amie et aimerait l'épouser. Evgueni a peur, il part pour Chicago, seul sans repère, une autre vie, une de plus, une nouvelle errance et, une fois de plus, la fuite et le vide.
L'histoire d'un être tourmenté qui ne trouve nulle part sa place, se perd dans les voyages tumultueux de son esprit et spécule sur la nature réelle du paradis. Peut-on trouver le bonheur sur terre? L'homme est-il fait pour vivre en communauté?
Dans ce récit désillusionné, Nina Berberova semble livrer beaucoup d'elle-même et de ses rêves éteints. L'exil permanent, l'errance, le désespoir occupent une grande place dans ce texte qui ne s'achève pas vraiment. C'est la porte ouverte vers quelque chose, vers le néant, le lecteur sait où ça va le mener, il aimerait partir en courant pour rattraper le héros et lui demander de revenir, de faire face, de vivre sans crainte. Mais peut-on vivre libre et heureux quand on porte en soi le mal noir depuis au moins mille ans, quand l'exil semble inné et que la fuite est la seule chose que vous connaissiez?
Ca ne cicatrise pas 8 étoiles


J’ai beaucoup aimé ce livre, une narration irréprochable, un récit vibrant de vérité qui m’a menée au bout de cette histoire qui s’est révélée finalement ne pas être celle que je prévoyais.
Nous sommes au-delà de la tristesse, dans le désespoir, et nous ne nous en apercevons pas tout de suite. Nous suivons un récit de toute beauté, et c’est après coup que nous réalisons que l’histoire ici, c’est ce qu’on ne nous raconte pas, ou presque, et si tard...
Comme le dit Sahkti, une histoire qui ne finit pas, tout comme elle a à peine commencé ou alors, pas où ni quand nous le pensions.
L’auteur nous conduit où elle veut, fait de nous ce qu’elle veut, et nous transmet tout ce qu’elle voulait nous faire sentir. En dire plus, ce serait abîmer.

Sibylline - Normandie - 74 ans - 6 octobre 2004