Cet absent-là : Figures de Rémi Vinet
de Camille Laurens

critiqué par Clarabel, le 29 août 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Cet absent-là
Quel beau texte ! Camille Laurens est une enchanteresse ! "Cet absent-là" accompagne les figures de Rémi Vinet. Un magnifique travail : des photographies projetées sur un drap blanc avant d'être rephotographiées à l'infini pour obtenir ce "flou artistique", ces zones d'ombre et cet instant de présence rayonnante. Pour l'auteur, les photos sont souvent un premier pas vers la mort, ce pour quoi elle déteste être prise en photo. "Prendre en photo" c'est prendre une part d'existence. D'en figer sur papier glacé et de le ranger dans l'oubli. Non merci.
Il y aussi cette rencontre avec l'Amant, le nouvel homme dans sa vie. Cette première fois, lors d'une soirée, où l'Apparition a eu lieu. Sous forme d'un éclair de flash, d'une illumination, d'un rayonnement. L'être aimé devient désiré. Mais lorsque celui-ci se fait photographier, l'auteur découvre sa part d'ombre et sa cruelle absence. Le vide de cet homme. Sa transparence. Le début du désamour...
Ce texte est à lire en long, en large et en travers. C'est d'une pureté éblouissante. Les figures de Rémi Vinet sont bouleversantes. Le tout forme un ensemble incomparable. C'est un très beau livre où Camille Laurens livre à nouveau sa philosophie et sa poésie de l'amour. Sous forme d'absence... Et l'ombre de ce premier né, Philippe, parti trop tôt, qui a meurtri à jamais le coeur de l'auteur. Poignant, sensuel et merveilleux.