La guerre scolaire : les Rouges contre les Chouans (1881-1984)
de Jacques Cousin

critiqué par CHALOT, le 24 mars 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Méticuleux et passionnant
«La guerre scolaire :
les Rouges contre les Chouans »
livre de Jacques Cousin
272 pages
septembre 2020
Editions du Petit Pavé

Méticuleux et passionnant

L'auteur, ancien instituteur, aujourd'hui à la retraite, nous livre, ici, une œuvre historique sur l'histoire de la guerre scolaire commencée à la fin du 19ème siècle en Mayenne.
La Mayenne, département rural est une terre de tradition catholique, notamment dans les très nombreuses communes rurales.
Si au moment où le livre sort, la paix scolaire semble terminée, il suffisait hier d'un rien pour que tout reparte .

Jacques Cousin est allé s'alimenter dans les archives et a recueilli aussi quelques témoignages.
Le métier d'instituteur n'a jamais été de tout repos mais certains ont été héroïques.
Il n'était pas facile d'être enseignant dans « l'école sans Dieu » comme l'appelait les potentats locaux et la hiérarchie catholique toute puissante.

Formés par les Ecoles Normales, l'instituteur et l'institutrice devaient être irréprochables et éviter d'entrer dans les conflits locaux.
« Malgré tout, certains commerçants, épiciers ou boulangers, refusaient de servir les jeunes enseignantes.... Leur vie personnelle était soigneusement décortiquée, épiée, tout comme leurs relations ou activités hors de l'école. »

Puissante, la réaction cléricale en arrivait à dicter ses ordres à certaines municipalités.
En 1935, le conseil municipal d'Epineux-le-Seguin décide d'installer la mixité à l'école publique ce qui permet d'avoir une école à deux classes de niveaux différents à la place d'une classe unique de garçons et d'une classe unique de filles...
Ce projet a été abandonné car le curé soutenu par l'évêque a menacé de ne plus assurer les services religieux si le Conseil ne revenait pas sur sa décision.
Le prêtre et ses soutiens ont gagné.

Gare aux évêques trop conciliants !

Mr Geay, « le curé lyonnais » , évêque de Laval qui « engage les prêtres et les fidèles à accepter les institutions établies » est honni par les réactionnaires tout puissants.
Arrivé en 1895, il se rendra à la convocation du pape et remettra sa démission en 1904.
C'est une page d'histoire peu connue que nous dévoile l'auteur.

Tout est passionnant dans ce livre et notamment l'occupation et la place que joueront les deux camps :
les chouans qui ont servi le Maréchal et ont reçu en retour quelques récompenses comme le droit de surveiller les instituteurs publics ;
les instituteurs laïques , victimes d'une administration aux ordres....

Ah j'oubliais.
L'auteur explique que les crucifix sont restés longtemps accrochés dans les écoles publiques, même après l'adoption de la loi de séparation des églises et de l'Etat !
Cela ne m'étonne pas.
Instituteur en Mayenne au début et au milieu des années 80, j'ai constaté moi même la présence d'un crucifix dans la salle de conseil de la commune de Champéon....C 'était 80 ans après 1905 !

Jean-François Chalot