Malpertuis
de Jean Ray

critiqué par Xa4, le 5 mars 2001
(Bruxelles - 44 ans)


La note:  étoiles
Le meilleur du fantastique belge
Malpertuis est le récit d'une maison maudite… que nous offrent pas moins de cinq narrateurs différents.
L'horreur s'étale donc sur plusieurs générations.
Le vieil oncle Cassave, propriétaire de Malpertuis, est sur son lit de mort. Sa famille entière le déteste car c'est un être abject. Néanmoins, héritage oblige, elle est réunie au grand complet pour l'assister dans ses derniers instants. Et l'oncle Cassave fait sa terrible déclaration : pour pouvoir prétendre à l'héritage, ses descendants vont devoir vivre plusieurs années dans l'inquiétante bâtisse. S'ensuit un récit envoûtant où se mêlent romantisme, horreur, mythes et légendes du passé.
Un livre que je vous recommande chaudement, pour son histoire unique, inquiétante et merveilleuse mais aussi pour son style élégant et recherché, chose suffisamment rare dans le genre fantastique pour être soulignée.
Malpertuis: une maison en forme de coquille vide 4 étoiles

Une écriture riche et un beau style dans un ton vieillot (même pour l’époque). Hélas ça ne va pas plus loin que ça pour moi.
La qualité de l’écriture devient ennuyante à force de phrases qui n’apportent rien au récit, plante une vague ambiance mais l’ensemble sonne creux si ce n’est forcé et l’ambiance devient plate et la narration détachée d’enjeux.
Les quelques actions et apparitions fantastiques sont abruptes et courtes et m’ont conforté dans l’ennui parce que pour qu’il y ait un mystère il faut quand même poser des interrogations, des pistes à suivre.
Le changement de narrateurs n’est pas non plus tellement heureux parce que s’il met en place différentes époques (du passé puis présent à la conclusion) il n’apporte non plus pas grand-chose au récit. L’aspect pédant/prétentieux s’en dégage plus que le côté fresque mythique de différents narrateurs et points de vue.
Exemple: Une expédition en bateau amène des sortes ‘d’aventuriers’ à ramener quelque chose de leurs voyages. Sauf que jamais il n’est évoqué ou utilisé ce quelque chose dans l’essentiel du récit. Trop sommaire.
L’essentiel est concentré sur un seul personnage (80% au moins de la narration) qui s’interroge sur des mystères (mais lesquels?) qui entourent les autres habitants et visiteurs de la maison.
Si la conclusion et la scène du retour forcé à Malpertuis par un effet fantastique m’ont parues intéressantes le vide du récit et d’éléments d’intrigues que j’ai évoqués, cette façon frustre qui chemine laborieusement sans donner d’éléments à penser, les rendent abrupts et tirés par les cheveux et un peu ridicule.
exemples: le personnage de Lampernisse quand on découvre qui il est attention spoiler: un personnage souffle de la fumée et transforme un autre en tas de cendres, il se révèle un dieu du feu. Sauf que quand il n’y a que ça le tout reste surfait et va pas très loin ni ne donne à imaginer quoi que ce soit dans l’intrigue, sauf qu’en effet c’est bizarre et dommage que ça tienne sur une seule phrase noyée dans un longueur artificielle.
Peut-être certains apprécieront mais c’est pas pour moi, au fur à mesure de la lecture j’appréciais de moins en moins. D’autres pourront dire que pour l’époque c’était original. La conclusion l’est peut-être mais il aurait fallu la relier au roman qui me donne l’impression de ne parler de pas grand-chose et d’amener quelques rares et poussives scènes un peu mystérieuses (mais tellement sans enjeu ni implication tellement le récit est sommaire dans ce qu’il raconte).
La fin ou grande explication alliant superstition chrétienne à des mythes antiques bien qu’un peu intéressante vient tellement de nulle part qu’elle sonne creux.
Et avant et à l’époque de Jean Ray il y a quand même tellement d’auteurs dans le genre fantastique doués et ayant un propos développé, sachant faire un mystère et son explication (de Poe à Lovecraft, Stevenson, Pouchkine et Mérimée ou le Horla de Maupassant entre autres francophones pour les derniers).
2 étoiles pour le style qui donne envie de se plonger dans le roman, déception de patauger dans une flaque quand j’aurais espéré quelque chose d’un peu profond ou juste intéressant.

Magicite - Sud-Est - 46 ans - 21 mai 2021


Malpertuis 10 étoiles

En Jean Ray, il faut voir un prodigieux écrivain à la plume féconde, parfois confondu à son oeuvre. Malpertuis est son plus fameux récit, une aventure étrange qui se déroule dans un monde qui l'est tout autant. Au fil du temps, cet ouvrage est devenu un classique du Fantastique et de la terreur ordinaire, étiquettes autour desquelles on suit une des histoires les plus ahurissantes du genre, avec une action à rebondissements et des secrets de famille qui se dévoilent au fil des chapitres. Avec un art incomparable de narrer, Jean Ray en a fait un modèle de l'épouvante moderne. J'ai récemment acheté le DVD du film que le réalisateur belge Harry Kümel en a tiré. Une adaptation bien inférieure au film, malgré un casting attrayant.

HelloLivres - - 38 ans - 11 octobre 2020


malheureusement pas parvenu à entrer dedans 3 étoiles

La plume est belle, la littérature précise. Mais voilà le problème c'est que cette plume est peut-être trop belle, ou le vocabulaire utilisé trop ancien. Dès les premières pages j'avoue avoir été un peu perdu par l'ambiance dans lequel l'auteur veut nous emmener. L'histoire est longue, très longue à démarrer. La volonté de faire peur au lecteur a complètement échoué sur moi. A aucun moment je n'ai frissonné à la lecture de ces pages longues et assez rébarbatives. L'on ne comprend pas où l'auteur veut nous emmener. Des phases de réalité entrecoupées de phases de rêves, sans aucune transition. Des personnages plus bizarres les uns que les autres. Une trame difficile, très difficile à suivre....
En bref je n'ai pas du tout accroché à ce livre.

Clubber14 - Paris - 44 ans - 14 juin 2019


Hantée mais certainement pas envoûtante. 3 étoiles

Je ne suis malheureusement pas entré dans ce livre dont l’auteur fait avant tout du style et recherche des mots complexes en rendant son écriture aussi impénétrable que possible.

J’avoue donc avoir laissé tomber à mi-parcours.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 15 janvier 2016


Un grand livre mais... nous nous sommes ratés. 7 étoiles

Ma critique va être décalée par rapport au mythe MALPERTUIS.
J'ai découvert ce livre car il fait partie des indispensables du genre et surtout c'est via un " Elficologue " Pierre Dubois qui déclare être inspiré par Jean Ray entre autres.
D'entrée de jeu on voit qu'on a affaire à un très bon écrivain, une langue raffinée, riche en vocabulaire, un sens de la formule millimétré, bref du bel ouvrage sur un plan littéraire.
On sent que le bonhomme avait une culture prodigieuse et assez classique qu'il distille habilement tout le long du livre.
Livre dans lequel Jean Ray parvient avec un grand talent à réunir tous les mythes et croyances des temps anciens et moderne. La mythologie, la chrétienté, le satanisme, les marmousets, les fantômes, les lycanthropes, les chouettes, tout cela dans un climat de vieilles pierres, de pluie et de nuages.
Pas étonnant qu'il passe pour une référence dans beaucoup de milieux underground.
Il ne manquait plus qu'un druide et sa serpe d'or pour compléter le tableau de toutes les croyances d'une Europe pieuse.
Alors oui tout cela est très bien mis en scène, mais je n'ai pas été transporté par l'histoire.
J'ai dû parfois me faire violence pour terminer le livre, mais je sais d'où vient l'écueil, de moi.
C'est un style que je ne parviens pas à pénétrer, que je ne parviens pas à lâcher prise et me laisser emporter par le récit.
Donc, c'est un très bon livre, mais qui ne m'a pas convenu.

Hexagone - - 53 ans - 23 janvier 2014


un classique de la littérature fantastique 8 étoiles

L'oncle Cassave va mourir. Il convoque toute sa famille à son chevet dans la demeure de Malpertuis et leur dicte ses dernières volontés : que tous s'installent dans cette colossale maison de maître et que revienne, aux deux derniers survivants, sa fortune. Aucun des proches ne se doute du drame qui les attend. Tout commence par des lumières qui s'éteignent mystérieusement. Bientôt l'horreur jaillira des murs même de la maison.

Malpertuis est un roman fantastique classique de la littérature belge. Autant prévenir tout de suite, on aime ou on déteste.
Quant à moi… j'ai aimé me perdre dans cette maison étrange et angoissante qu'est Malpertuis. A l'image du jeune héros candide, nous assistons à des phénomènes étranges, inquiétants et malfaisants sans trop bien comprendre ce qui se passe, sans pouvoir faire de liens entre les événements et les personnages qui s'y côtoient. On se pose beaucoup de questions. Le jeune héros est-il fou ? A-t-il des hallucinations ? La maison Malpertuis est-elle hantée ? L'oncle Cassave aurait-il gardé quelques obscurs secrets avant de mourir ?

Jean Ray nous fera patienter jusqu'aux dernières pages avant de nous fournir la clé de l'énigme à tous ces phénomènes obscurs et incompréhensibles jusque là.

Un conseil : ne cherchez pas trop d'informations sur le net afin de ne pas gâcher l'effet de surprise à la fin du roman. Faites comme moi, laissez vos repères au vestiaire et perdez-vous dans cette étrange et bien sombre maison qu'est Malpertuis.


Extraits :

L'oncle Cassave va mourir.
Sa barbe s'écoule, blanche et frémissante, de son visage plongé sur l'édredon rouge. Il aspire l'air comme s'il humait des odeurs parfaitement délectables et ses mains, qu'il a énormes et velues, griffent ce qui vient à sa portée.

La femme Griboin qui est venue lui apporter du thé au citron a dit :
- Il fait ses petits paquets.
L'oncle Cassave l'a entendue.
- Pas encore, femelle, pas encore, a-t-il ricané.
Quand elle fut partie, dans un remous de jupes apeurées, il a ajouté à mon adresse :
- Ce n'est pas que j'en aie pour longtemps encore petit, mais après tout, mourir est une chose sérieuse, et il ne faut pas se presser.

Sentinelle - Bruxelles - 54 ans - 16 janvier 2008


Trop clinique, dommage 6 étoiles

Ce livre a des qualités indéniables : un style élégant et recherché, un vocabulaire très riche, des trouvailles littéraires, une construction originale. Jean Ray a une grande imagination. Il pose les éléments de façon cohérente, disperse subtilement les indices, égare le lecteur sur des fausses pistes. L'auteur est clairement pourvu d’une culture étendue, ce qui ne gâche rien (et il était Gantois qui plus est, c’est dire… ;-) ).

Et pourtant, la sauce n’a pas pris. Je n’ai pas pu ressentir la moindre frayeur, ni même le début d’un frisson. Peut-être manque-t-il au récit une dimension psychologique qui aurait rendu les personnages plus profonds et donc plus attachants. Peut-être l’auteur aurait-il dû plus longuement décrire ou suggérer les sentiments d’angoisse et de terreur vécus par les principaux personnages. J’ai ressenti ce texte comme trop « clinique », comme un compte-rendu (fort bien écrit au demeurant) d’une série de faits, mais pas comme ayant été conçu pour faire partager l’angoisse des personnages au lecteur. Dommage.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 30 mars 2006


Actuellement à 3 euros! 9 étoiles

Grâce à une action menée par La Libre et Espace Nord, ce livre, ainsi que 5 autres livres d'auteurs belges, est disponible en librairie pour seulement 3 euros. Personnellement, je venais juste d'acheter la version standard (dont on voit la pochette en haut de cette page) quand j'ai vu cette offre. Je me consolerai en regardant les illustrations, uniquement disponibles dans ma version. La lecture de Joseph Duhamel est quant à elle présente dans les deux éditions. Autre bonne nouvelle: le DVD de la version franco-anglaise du film de Harry Kummel va sortir prochainement. Je n'avais jusqu'ici que la version flamande (la seule reconnue par le réalisateur) non sous-titrée.
Mais revenons à l'oeuvre originale... A la lecture des premières pages, j'ai été surpris par la grâce et l'élégance du style employé par l'auteur. J'ai utilisé mon dictionnaire à plusieurs reprises durant le premier quart du roman. Par après, les descriptions font progressivement place à l'action.
Si l'on tient compte de l'époque où le livre a été écrit, il y a de quoi être séduit. Les personnages sont fort cohérents malgré le côté (volontairement) caricatural de certains. Jean Ray s'inspire fortement de son entourage: famille, voisins... Au fur et à mesure que l'on tourne les pages et que les narrateurs s'enchaînent, le mystère grandit et l'histoire consiste peu à peu à faire tomber les masques, et compter les victimes de la lugubre demeure.
Je regrette un peu que la fin de l'histoire soit plutôt expliquée que vécue. Hormis ce petit reproche, j'ai véritablement été sous le charme de ce roman, de son petit monde et de la manière avec laquelle tout cela est raconté. Après Malpertuis, j'ai entamé un Harlan Coben. Les phrases sont bien plus courtes et directes. Objectif: efficacité. Un contraste saisissant!

Jean Meurtrier - Tilff - 49 ans - 26 octobre 2005


mouais, pas convaincu 3 étoiles

je suis belge et j'avais tellement entendu parler de jean Ray et de son fameux Malpertuis que je me suis jeté dessus mais j'en suis ressorti avec une grosse déception... je ne sais pas pourquoi au juste, j'ai lu d'autres textes de Ray qui m'ont paru incomparablement meilleurs, Malpertuis me paraît lourd, indigeste, pas tant en fonction de sa complexité, ça vient d'un autre élément que je ne parviens pas à cerner, enfin, il faudrait peut-être que je le relise...

Virgile - Spy - 45 ans - 23 mars 2001


d'accord d'accord, mais... 0 étoiles

Bravo pour la critique, il est vrai que ce roman est exceptionnel et qu'il se doit d'être lu ! Mais attention, attention, je ne suis pas tout à fait d'accord lorsqu'il est dit que le style élégant et recherché est rare dans le genre fantastique... Voici une petite liste, qui est loin d'être exhaustive, d'auteurs "ayant du style"... d'après moi : Barjavel, MZ Bradley, Lewis Carroll, Ghelderode, Hawthorne, MG Lewis, McCaffrey, Matheson, CL Moore, Tim Powers, ... Autre chose ami lecteur, si tu as aimé "Malpertuis", je conseille "La Maison au bord du monde" de William Hope Hodgson, qui est également un petit chef-d'oeuvre.

Pendragon - Liernu - 54 ans - 6 mars 2001


Super, il est de nouveau édité! 0 étoiles

Soyons francs: j'aime ce livre depuis mon adolescence... Souvenirs, souvenirs... A l'époque, il était publié chez Marabout, et je l'avais prêté à un ami qui ne me l'a jamis rendu. Je lui en ai voulu terriblement. C'est dur de perdre à la fois un livre et un ami. D'autant plus dur qu'il n'était plus édité. Je vais donc vite le commander!

Leura - -- - 73 ans - 6 mars 2001