Quelle magnifique langue ! Quel héros attachant !
Sylvain est compagnon charpentier au XVIème siècle. Après sept ans d'apprentissage, il revient dans ses Vosges natales, mais n'y retrouve pas sa famille : sa mère est morte à sa naissance, son père et un de ses frères sont décédés pendant son absence et l'autre s'est enfui après avoir violenté sa femme. Ne restent que son frère de lait, Lionel, séminariste et sa nourrice. Il remet sur pied le domaine familial et part ensuite sur d'autres chantiers. Il tombe amoureux de Mathilde, mais n'étant pas de la même condition, il doit convaincre sa famille en refaisant leur toit : comme toujours, Sylvain choisit d'aimer au lieu de combattre.
Les événements se succèdent sans fin dans cette vie partagée entre les chantiers, les amitiés, les voyages où Sylvain finit toujours par revenir à son village d'attache.
A travers toute cette histoire, en plus de son amour du bois, Sylvain cultive son amour de la musique et entre autres des orgues, qui se font l'interprète de ses sentiments. Et malgré tous les tourments de la vie, il garde le plus souvent son rire, son regard d'enfant sur le monde, son refus de la haine… tandis que Lionel rédige ses doutes dans son journal intime.
Le style de Bernard Tirtiaux est une pure merveille ! un roman-poème, qui mériterait d'être lu lentement pour en savourer la langue. L'auteur ne raconte pas les événements, il les survole, les suggère et son héros semble, lui, survoler la terre où il est toujours de passage, sans jamais s'ancrer définitivement. L'auteur n'entre pas dans les détails des situations mais semble happé par les actions qui se succèdent sans que la routine ne puisse s'installer.
Pascale Ew. - - 57 ans - 18 mars 2017 |