Les Comédiens sans le savoir
de Honoré de Balzac

critiqué par Monocle, le 3 mars 2021
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Promenade dans Paris aux deux visages.
Sylvestre Gazonal, industriel du sud de la France est à Paris afin d'y plaider sa cause dans un procès qui l'oppose à l’administration pour la survie de son entreprise.
Il retrouve par hasard un cousin égaré. Ce dernier avec un autre ami entreprendra un parcours initiatique de la ville lumière. Gazonal découvrira un monde différent des gens incroyables : une danseuse de l'Opéra, un directeur du journal, un chapelier, une revendeuse à la toilette, un portier, un usurier, un coiffeur, un peintre fouriériste, un policier privé, une cartomancienne, des députés, un pédicure républicain, et deux lorettes pour finir. Le rythme est endiablé, Gazonal est pris au jeu de toutes ses rencontres.

Le mystère reste entier mais il gagnera son procès

Très bon texte plaisant à lire. Une promenade coquine dans un Paris aux deux visages.


PERSONNAGES


Bixiou, Bridau (Joseph), Cabot (dit Marius), Cadine (Jenny), Canalis, Carabine, Cérizet, [Chodoreille], Dubourdieu, Du Bruel, Du Tillet, Mme Fontaine, Fromenteau, Gaillard, Mme Gaillard, Gazonal, Giraud, Léon de Lora (dit Mistigris), Mme Mahuchet, Malaga, Massol, Masson (Publicola), Mlle Ninette, Mme Nourrisson, Nucingen, Rastignac, Ravenouillet, Schinner, Trailles, Vauvinet, Vignon, Vital.

– Jean-Jacques BIXIOU : il est bien connu dans La Comédie humaine, dont il est le caricaturiste attitré. Pour ses débuts voir La Rabouilleuse et Les Employés. Il est ici en situation : c'est en quelque sorte le préposé aux croquis – ou leur caution.

– Jenny CADINE : alias Séraphine Sinet, elle incarne ici la lorette, avec Carabine. On en saura plus sur elle dans La Cousine Bette : « Une rareté dans le grand genre », estime en experte Madame Nourrisson, entremetteuse qui exerce également dans Splendeurs et misères des courtisanes. Bonne fille au demeurant, qui saura émerveiller Gazonal : « Ah ! quelle femme !... ».

– Madame FONTAINE : tireuse de cartes et chiromancienne, aidée d'une poule noire et d'un énorme crapaud nommé Astaroth. Ses tarifs : 5 F, 10 F et le grand jeu pour 100 F. Gazonal trouve que « cinque francs, c'est déjà bienne assez cherre ».

– Sylvestre Palafox-Castel-GAZONAL : c'est lui le prétexte de cette folle journée, commencée au Café de Paris et prolongée pour lui par quelques nuits de rêve dans les bras de Jenny Cadine. L'accent méridional de ce quinquagénaire bon vivant fait merveille et ses questions ne manquent jamais leur effet. Le trait de génie est d'en avoir fait le cousin de Léon de Lora.

–Léon Didas y LORA : avec lui, c'est le retour (attendu) de Mistigris (Un début dans la vie). Le rapin est devenu un grand paysagiste, membre de l'Institut, riche de surcroît, et suffisamment connu pour que son nom ait été retrouvé par Gazonal dans un journal local. Il reprend, à 39 ans, ses facéties de jeune homme et émaille la farandole de ses calembours.

– Publicola MASSON : pédicure et républicain, comme l'indique son prénom, auteur d'un Traité de corporistique. Il ressemble à Marat et, soigne les cors par correspondance. Balzac paraît avoir songé à lui donner plus d'importance avec des Lettres d'Agricola ou des Lettres capitales de Publicola (Lov. 115, fos 22 et suiv.).

– RAVENOUILLET : portier 112, rue de Richelieu. Son nom sent la loge ; il gère les affaires de ses 71 locataires au mieux de ses intérêts.

– VAUVINET : usurier bon garçon, qui tient officine boulevard des Italiens et prend ses obligés par la taille ; c'est par amitié qu'il ne demande à Bixiou que 20% d'intérêt. Il revient dans Le Cousin Pons.

– VITAL : « le Luther des chapeaux », car il les « réforme », selon le mot de Lora-Mistigris. Créateur entre autres de la coiffure « juste-milieu ».