Clochemerle
de Gabriel Chevallier

critiqué par Miriandel, le 26 août 2004
(Paris - 63 ans)


La note:  étoiles
Truculent
Pour qui apprécie la littérature truculente de Marcel Aymé, Jules Romains, Marcel Pagnol et autres Barjavel (Don Camillo), Clochermerle sera un ravissement.
Les personnages mis en action sont abondamment décrits, à l'extrême, jusqu'à pouvoir les peindre de mémoire. Leurs comportements, décrits dans un style vert et incisif, forment une fresque campagnarde, sur fond de beaujolais – je dis fond parce qu'avec eux une bouteille ne reste jamais bien longtemps pleine. C'est une satire de société, avec les riches, les nobles, les paysans, la religion, les religieux – deux choses différentes, comme il se doit –, les révolutionnaires et autres hautes figures de la France de 1923.
Clochemerle, qui a des suites peut-être moins spontanées, est un franc moment de rigolade bien plaisante à lire, où les pires drames restent toujours humains et écrits avec bon goût – ce qui change avec bonheur de nombres de productions plus récentes, souvent importées.
Ce n’est pas de la gaudriole mais c’est rigolo. 8 étoiles

En ce terrible été 2022 où nos forêts flambent sous la canicule, j’ai cherché un bon livre de vacances de quoi me changer les esprits et j’ai trouvé Clochemerle dans ma pile de livres à lire. Je me suis bien amusé mais il en faudra plus pour me réconcilier avec le monde. C’est que Gabriel Chevallier nous présente une galerie de personnages qu’il caricature d’une plume, tantôt tendre, tantôt acide et on s’amuse mais, son regard sur ce bas monde, même si tout est raconté avec beaucoup d’humour, est carrément pessimiste, Ce qu’il a vu chez ses Clochemerlins ce sont tous les vices de l’humanité. Il n’a rien oublié : il y a l’instituteur aigri, le notaire avare, le garde-champêtre sournois, le curé porté sur la chose, le maire ambitieux, le politicien roublard, la baronne arrogante… tout y passe ! Et puis, il y a l’omniprésence de toute une bande de poivrots, grands buveurs de beaujolais sans modération et… les femmes !

Ah ! Mesdames, n’abordez pas ce livre sans une bonne dose d’indulgence ! A en croire notre Chevallier, les femmes sont, soit des sujettes consentantes à la lubricité des hommes, soit des laiderons vertueuses par dépit, soit des mariées trop âgées pour s’offrir des infidélités. A se demander si notre joyeux Chevallier n’est pas un brin misogyne ! Et tout ce petit monde papote et ragote avec une lucidité féroce sur le compte du prochain, ce qui, à mon avis, et entre parenthèses, est bien la réalité des localités campagnardes. Les gens des villes s’imaginent qu’à la campagne tout le monde se connaît, tout le monde se dit bonjour et tout le monde s’aime. A en croire ce livre, c’est tout le contraire et c’est bien ce que je pense. L’air pur de la campagne est bon pour la santé mais n’a aucun pouvoir sur les vices et les vertus des gens.

Pour en revenir à notre livre, le croquis des moeurs des Clochemerlins est par moment tellement aigre-doux que j’ai failli abandonner ma lecture en plein milieu ; mais ma critique n’aurait pas trouvé grâce auprès certaines de mes très honorées lectrices et j’ai continué. Et j’ai bien fait parce que je suis tombé sur un morceau d’anthologie qui, dans l’édition « Poche », va de la page 296 à la page 307. On y apprend qu’il n’était pas bon, en 14/18, de dire à un officier « à la guerre comme à la guerre » et que « à la guerre, un homme saoul marche droit ». C’est à mourir de rire ! et les gradés en prennent pour leur grade, c’est le cas de le dire.

Il faut savoir que Gabriel Chevallier a fait 14/18 dans les tranchées, ce qui lui a inspiré un livre absolument remarquable intitulé « La Peur », si bien que le brave avait sans doute un œuf à peler avec la hiérarchie militaire. En tout cas il n’a pas raté son coup !

Mais il n’y a pas que l’armée qu’il tient dans son collimateur. Toutes nos belles institutions y passent : le clergé, la politique, la finance, le monde des affaires, l’aristocratie et jusqu’au monde du journalisme et de l’édition… rien n’échappe à sa plume féroce et jubilatoire. C’est, à mon avis, le meilleur côté du livre, celui qui en fait un modèle du genre.
Alors, ne boudons pas notre plaisir ; on n’est jamais dans la gaudriole mais ce n’est jamais dramatique ; c’est un bon livre de vacances et j’ai bien rigolé.
Oui, oui, j’ai bien rigolé des travers des autres, en me berçant d’illusions à l’idée que, bien sûr, je n’étais pas de ceux-là...

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 16 août 2022


Un récit incomplet. 10 étoiles

Je reviens sur les critiques précédentes qui ignorent et fort légitimement un paramètre important du récit sur le village de Clochemerle. Ce titre éponyme ne représente que la première partie d'une trilogie à lire impérativement pour tout comprendre et tout apprécier.
Si "Clochemerle" date de 1934, "Clochemerle Babylone" sa suite remonte à 1954 et sa saga finale "Clochemerle les bains" fut conçue en 1963.
Comment lire une oeuvre de Balzac en méconnaissant les suivantes ?
Gabriel Chevallier est un tout et non une partie d'un ensemble.
Cela vaut naturellement pour beaucoup d'écrivains.
Ayant pratiquement tout dévoré de ce maître aux accents de Flaubert, de Allais, de René Fallet et de tant d'autres, on constatera que Céline et son fils spirituel Michel Audiard surent y puiser la "substantifique moelle". Si vous prenez le temps de déguster les trois récits vous saisirez mieux ce qu'est la vie d'une époque et de toute les époques, ce qu'est la nature humaine, ses incertitudes, ses abandons, ses renoncements, ses errements en un mot son pendant tragique parfois optimiste et quelquefois pessimiste.
Un auteur à lire dans son intégralité et si vous souhaitez apposer une touche essentielle, lire "L'envers de Clochemerle" qui apprendra vraiment à travers ses mémoires qui est ce géant littéraire trop méconnu car ostracisé pour les multiples raisons qu'il serait trop long d'énumérer mais que je laisse découvrir à celui qui sera animé par la la ténacité du lecteur.
Gabriel Chevallier ouvre un chemin, initiatique qui permet de connaître le coeur de l'homme en s'y insérant au fil des phrases toujours merveilleusement ciselées.

Angel54 - - 70 ans - 30 juin 2020


La France de ses villages 5 étoiles

Ce livre a le charme désuet des villages d'antan! Les personnages sont savoureux et bien fouillés, correspondant bien à ce que l'on peut s'attendre sans être trop caricaturaux : l'instituteur contre le curé, le notaire avaricieux, la jeune fille engrossée sans être mariée, les commères, le mari cocu, la vieille fille dévote, etc

L'intrigue est également propice à se replonger dans ces histoires de campagne truculentes et le style de l'auteur en rend parfaitement l'atmosphère.

Pourquoi seulement 2.5/ 5 alors?
1) car le livre souffre de nombreuses longueurs, tout du moins pour le citadin pressé que je suis d'en arriver au fait! Le campagnard bon vivant sera plus indulgent que moi sur ce point! :op
2) mais surtout car je m'attendais à me payer une bonne tranche de rigolade, et hélas rien du tout, ou si peu!

Alors oui, la note est sans doute trop sévère car on passe quand même un bon moment, mais ce n'est pas ce que j'attendais en l'achetant!

Florian1981 - - 43 ans - 23 août 2012


Vous me prendrez un Clochemerle matin midi et soir 9 étoiles

Ha voilà un livre bien truculent, Rabelaisien, ENORRRRME.

C'est un plaisir de le lire, de sourire dans les transports, de se sentir bien.
Des scènes sont mémorables : La bagarre dans l'église, Le St Roch qui tombe la tête la première dans le bénitier, la Putet qui devient foldingue et qui se balade à poil dans le village ...

Voilà un bon livre qui redonne le moral à la sortie de l'hiver.

Allez vous me rangez votre Prozac et vous me prenez un Clochemerle et surtout vous pouvez dépasser la dose prescrite.

Bonne rigolade

Bobo - - 65 ans - 11 mars 2011