Flatland: Une aventure à plusieurs dimensions
de Edwin Abbott Abbott

critiqué par Jipiconvivio, le 20 février 2021
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Toute avancée des connaissances génère autant d'interrogations qu'elle apporte de réponses.
Une fourmi aura-t-elle un jour la capacité de réaliser qu'elle peut vivre à deux pas d'une autoroute ?
Sera-t-elle capable sans aucune aide d'en percevoir le sens et de créer en sa compagnie un nouveau partenariat lui permettant de conquérir une nouvelle envergure?
Dans l'univers de Flatland il n'y a depuis toujours que deux dimensions constituant de la figure la plus sommaire à la figure la plus élaborée la garniture intellectuelle de chacun de ses éléments.
La ligne droite pour les plus demeurés. le cercle pour les plus évolués.
La femme au pilon, le prêtre au balcon.
3*3 pour l'éternité en acceptant son rang sans broncher.
Flatland n'ayant toujours connu que ce principe s'en accommode parfaitement n'ayant nullement besoin de la révélation d'un autre monde.
Il suffit simplement d'en accepter les règles, de savoir manipuler un organigramme à son avantage, en sachant bien que le plus opulent des polygones réguliers restera toujours malgré le maximum de ce qu'il pourra réaliser que le vassal de la figure la plus parfaite.
Spaceland agrandit les choses.
En prenant de la hauteur, le triangle, le carré et le polygone s'observent (tout en élargissant leur champ de vision) enfin dans leur intégralité et non plus pièce par pièce
Pour certains cette nouvelle approche malgré sa valeur reste déstabilisante, inacceptable mais avec beaucoup d'efforts et l'incapacité de contester ce qui est évident, elle commence à perturber de plus en plus certaines certitudes.
3*3*3
L'évangile à trois dimensions offre une chance inespérée, celle de sortir de la caverne et de ses dépendances visuelles imperméables à tout chamboulement de leurs emprises.
La conception d'un solide préalablement ignoré dont la tubulure hissée vers le ciel, abandonne un septentrion plat procédurier et ronronnant
N'en serions-nous pas au même point.
Nos méninges domestiquées possèdent au même titre que l'univers visible, une ligne d'horizon que nous n'arrivons ou ne voulons pas franchir.
Ou tout simplement masquée suite à nos comportements décevants.
Le dépassement des capacités humaines ressemble pour l'instant à la vision d'une nuit étoilée dont le contenu est intouchable.
Des milliards de connexions inconnues dans un labyrinthe infini cadenassé suite à nos routines et à nos difficultés d'entreprendre.
Une vie simple passée dans un enfermement quotidien dont le prologue consiste à se reproduire et l'épilogue à transmettre à sa descendance, un infime pic lumineux ou un misérabilisme ténébreux, permettant à l'histoire de l'espèce humaine de continuer dans le reformatage de ses accumulations sensitives.
Pendant que scintille au dessus de nos têtes dans l'indifférence quasi générale une rivière de diamant infinie et absolue.
Le mouvement, ressource première et nécessaire à tous nos déplacements et créativités ne produit plus que des devenirs basiques semblables à des balbutiements locaux cadencés par nos icônes terrestres.
Comment accéder à toutes les clés de tous ces manques? le pouvons-nous par nous-mêmes? En avons-nous vraiment envie? Nous faudra-t-il pour cela l'apport d'un maitre venu d'ailleurs?