L'économie de la vie: Se préparer à ce qui vient
de Jacques Attali

critiqué par Colen8, le 9 février 2021
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Réparer le monde ?
Un fiasco quasi mondial des dirigeants politiques assistés de leurs conseillers scientifiques a marqué la gestion de la pandémie Covid-19 à ses débuts. Tous ou presque, par ignorance ou scepticisme, par impréparation ou sidération ont été contraints de mettre à l’arrêt brutal une partie de l’économie. Absences de concertation entre les pays, de moyens de prévention des contaminations galopantes, de traitements contre une mortalité élevée, de vaccins disponibles à court terme, saturation des effectifs et des moyens hospitaliers, communication hésitante ouvrant le champ à l’intox, rien n’a pu freiner cette panique générale pendant la vague du printemps 2020. Ce constat accablant de Jacques Attali antérieur à la seconde vague de l’automne, l’a fait réfléchir à un monde d’après. La succession prévisible de crises et de pandémies empêche tout retour à celui d’avant.
Les réformes collectives qu’il suggère sont destinées à préserver la démocratie mise à mal par ces erreurs en cascade. Pour ce faire il s’est inspiré d’une vaste enquête auprès de quantité de correspondants étrangers, de lectures SF et des jeux vidéo World of Warcraft. Considérer la santé publique comme une richesse et non comme une charge, privilégier le local sur le global, l’habitat dispersé là où il est trop concentré, restaurer la qualité de l’enseignement en commençant par le respect des maîtres, revaloriser les métiers sociaux du bas de la pyramide, s’engager dans l’économie verte et la transition énergétique, entamer la reconversion de l’aéronautique, de l’automobile, de la chimie, des plastiques, concevoir des politiques du tourisme et de la culture compatibles avec les nouvelles nécessités de vie. Ça parait tomber sous le sens, si seulement.
Typique et factice 4 étoiles

Le livre date de juin 2020 et, lu à ce jour, il porte la marque du moment de sa rédaction. Tellement d'évolutions se sont développées depuis que son texte aurait demandé un complet ajournement. N'empêche, sa thèse principale conserve toute sa valeur: l'avenir de notre monde comporte très probablement un retournement économique majeur, surtout pour l'économie française a priori si mal orientée vers l'aéronautique et l'automobile, vers ce qu'Attali appelle L'économie de la vie": santé et hygiène, agro-alimentaire, dépollution à tous niveaux, tourisme. Attali consacre plus de la moitié de son ouvrage à la critique des politiques de gestion de la pandémie, saluant le modèle sud-coréen contre le modèle chinois malheureusement suivi par trop d'autres pays. Voilà déjà un détournement d'objectif. En second lieu, j'attendais un travail fouillé sur les modalités pratiques et terriblement complexes du passage de l'économie passée à celle du futur: Au lieu de cela je lis des considérations générales, sensées, mais sans grande capacité de concrétisation et sans intérêt pratique. Faisant cela l'auteur évite soigneusement les problèmes posés par ce passage, ce qui au contraire eut été formidablement intéressant. Au total un livre facile, probablement rédigé et étayé par 1 ou 2 contributeurs anonymes qui l'ont bourré de faits et de chiffres, décevant pour un lecteur exigeant et bien dans la manière insupportable de l'auteur.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 7 mars 2021