Êtes-vous bien sûr d'être normal ?
de Mardi Noir

critiqué par Jeanne60, le 3 février 2021
( - 25 ans)


La note:  étoiles
Quelques réflexions iconoclastes
L’ouvrage est sous-titré "Comment la psychanalyse m’a guérie des conventions". Son auteure a déjà livré deux titres et on peut la retrouver sur la chaîne YouTube intitulée "Psychanalyse toi la face". L’auteure part essentiellement de multiples anecdotes autour de son vécu pour réfléchir sur certaines questions qui l’habitent. Le ton est souvent ironique et l’objectif n’est pas de vulgariser un vocabulaire spécifique à la psychanalyse.

Le livre ouvre sur une citation de Canguilhem remettant en cause la nette séparation entre normal et pathologique. De l’introduction, on retiendra particulièrement :
« La psychanalyse porte sur l’inédit, ce qui échappe, ce qui creuse nos acquisitions bien régulières, ce qui déborde ou au contraire ce qui peine à dire ». (page 11)
« Telle une brebis errante, (le psychanalyste) m’adoube du grade d’autiste, de bipolaire, d’hyperactive ou autres particularités psychiques (…) » (page 16)

Quinze sujets ponctuent le contenu de cet ouvrage. Sont abordés les thèmes entre une demi-douzaine et une quinzaine de pages. L’auteure met en exergue par exemple le fait que dans l’Antiquité grecque les notions d’hétérosexualité et d’homosexualité ne primeraient pas pour qualifier une relation entre deux êtres ; les Hellènes distinguent fondamentalement par contre l’amour altruiste, l’affection amicale, l’amour familial et l’attraction physique.

Elle poursuit en soulignant entre autre l’importance de la dimension mythologique, la persistance des normes de genre chez les garçons et les filles élevés dans un esprit hostile aux images traditionnelles dans ce domaine, les dommages collatéraux individuels par rapport à l’évolution de la société en matière de l’émancipation des femmes, le poids des identités dans la vie courante des gens, le transgenre, la notion récemment évolutive du viol, la violence présente sur les médias, l’idéologie du développement personnel, l’hyperconsommation, la dimension culturelle donc relative des savoirs, le problème du diagnostic en matière de maladies psychiques, les difficultés à accepter de se voir vieillir, de sexualité enfantine…

Dans la conclusion, on relève :
« Le symptôme n’est que le précipité de l’angoisse et de sa défense, de l’attaque et du bouclier amalgamés dans une forme monstrueuse où on ne sait plus très bien s’il nous protège ou nous enfonce » (page 208).