L'Iris dans le vallon
de Faustine Flauberge

critiqué par Eradice , le 31 janvier 2021
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Un apprentissage par l'action.
Aux âmes bien nées (on le sait bien, cela), la valeur n'attend point le nombre des années.
Le jeune héros de ce petit récit ne manque ni de cœur, ni d'honneur, et confronté aux épreuves qu'une fortune contraire semble éprouver un malin plaisir à lui infliger, jamais il ne s'en dédira.
Car lorsqu’un jouvencel romantique et exalté s’éprend d’une belle mais inaccessible châtelaine, c’est l’ordre social matristique tout entier qui tremble sur ses bases… Le trop téméraire soupireur se verra logiquement condamné à un bannissement probatoire, loin de sa famille et de son pays, au sein d’une scouto-escouade disciplinaire.
Je vous entends déjà : stéréotype, poncif, vieille lune ! Eh bien non, justement ! Nous ne sommes ici ni dans le parti-pris d’un lyrisme abstrait, ni dans le figé de l'archétype ; dans le cliché, encore moins… Loin de là ! Ce qui nous rend Chantal de Cuny tellement attachant, c'est qu'il n'a rien du héros épique. Chantal réalise son apprentissage patiemment, humblement ; dans le monde de tous les jours ; dans le contexte familier de la grande piste, plus ou moins balisée ; de la vie au grand air, du bivouac et de ses corvées, des petites ou grandes contraintes du matelotage, des longues veillées autour du feu de camp.
Ses aventures, ses "bonnes croyances et ses espérances", il nous les raconte lui-même, dans la correspondance assidue (son « log book », eût dit Robinson Crusoé) qu'il adresse à sa chère Thalie, sa sœur de lait, demeurée au pays. Nous sommes dès lors, un peu comme par effraction – si nous en éprouvons un diffus sentiment de culpabilité, il est vite surmonté – de plain-pied installés dans la conscience d'un témoin direct, parfois naïf, pourtant toujours intègre et perspicace, de la réalité scouto-gynarchiste. Chantal nous est d'autant plus digne de sympathie que ses guides et instructrices jouent avec lui – pourquoi ne pas le dire ? – un jeu équivoque ; leur "paideïa", au regard des canons de la scoutologie, ne laisse pas de paraître parfois douteuse...
Tout cela n'empêchera notre jeune héros ni de tirer leçon des événements, ni de faire son apprentissage de la vie. Ni surtout, là-bas, au bout de la piste, de trouver l'amour !