L'intimité
de Alice Ferney

critiqué par Alma, le 28 janvier 2021
( - - ans)


La note:  étoiles
Nouveau traité des comportements amoureux
Un homme, au royaume des femmes. Autour du personnage central d'Alexandre, architecte, 3 personnages féminins.
Ada, sa compagne qui meurt en donnant naissance à une petite fille Sophie et en lui laissant Nicolas, le petit garçon de 5 ans qu'Ada avait eu avec un mari dont elle a divorcé. Alexandre reste seul à élever ces deux enfants, aidé en cela par deux nurses qui se succèdent dans la journée et par les soins et la franche et chaude présence de Sandra, la voisine de palier devenue amie et confidente, une libraire militante féministe, célibataire par conviction et refusant la maternité. Au bout de quelque temps, Alexandre souffrant de solitude, s'inscrit sur un site Internet de rencontres et fait la connaissance d'Alba, professeur agrégée de Lettres et l'épouse. L'envie d'un nouvel enfant apparaît . Mais à quel prix  pour Alexandre et pour Ada ? On rencontrera aussi plus tard Alma …..

Si l'ouvrage s'ouvre comme un roman, vient s'y mêler ensuite une étude sociologique des différents types de vie en couple qu'offre la société actuelle , de la nouvelle condition de la femme à la lumière des nouveaux options offertes aux femmes en matière de procréation . J'ai eu l'impression que la situation romanesque initiale devenait le support d'une sorte d'études de cas, un peu à la manière d'un docu fiction dont l'objectif aurait été de présenter, au travers de situations vécues par les personnages, une sorte de nouveau traité des comportements amoureux .

Certes , ces personnages sont attachants, mais je les ai trouvés désincarnés. Leur portrait est réduit à quelques traits, une silhouette . Chacun est une voix, un rôle (le veuf, la confidente, la disparue , l'asexuée, la possible mère porteuse) dans cette nouvelle carte du Tendre que propose le roman.  Quand les personnages ne sont pas montrés dans un état d'introspection , de rumination intellectuelle, ou de recherche d'informations sur Internet, ils apparaissent alors en situation d'échange avec autrui, en quête de conseils ou défendant une thèse . Plusieurs scènes sont de véritables débats , notamment sur les technologies procréatives et  «  les marchands de fécondité »

Ai-je aimé L'INTIMITE ? Il m'a surtout intéressée comme roman de mœurs, très actuel, qui explore les notions de désir, de plaisir, de frustration de la génération des quarantenaires . Et si certains passages m'a parfois paru longs, j'y ai cependant retrouvé toutes les qualités que j'avais appréciées dans les précédents romans d'Alice Ferney : densité et élégance de la langue, finesse et profondeur de l’analyse sociétale et psychologique .
Conjugalité 2.0 7 étoiles

Jeune libraire libre et engagée, Sandra se trouve brutalement plongée dans la vie d'Alexandre qui vient de perdre sa femme avec ses 2 enfants à élever. A la fois confidente et nounou, les cartes se brouillent, les malentendus affleurent. Au cours des échanges les langues se délient, les cœurs s'ouvrent. Les secrets, les remords, les aspirations apparaissent.
L'auteur aborde la thématique usée du couple mais dans notre société moderne avec les sujets de la parentalité, du consentement et donc des rapports de force larvés. Au final chacun poursuit son désir intime, use de stratagèmes pour arriver à ses fins.
Les personnages mis en scène sont peu attachants voire parfois antipathiques. Souvent pontifiants donc agaçants. Mais avec l'avantage d'ouvrir la discussion sur des sujets sociétaux forcément personnels et clivants.

Elko - Niort - 47 ans - 11 novembre 2023


Deux femmes puissantes 6 étoiles

Alexandre Perthuis et Ada ont tout pour être heureux. Ils sont beaux, riches, parents d’un adorable petit garçon Nicolas et bientôt d’une petite fille.
Quand ils partent pour la maternité, Ada semble pourtant anxieuse, inquiète en laissant son fils chez leur voisine, Sandra Mollière. Sandra est une libraire et féministe très engagée, assumant un célibat volontaire et refusant la maternité, symbole de l’asservissement de la femme dans la société.
Surprise, elle découvre un enfant passionnant avec lequel elle s’entend très bien.
Alors quand elle reçoit un appel téléphonique lui demandant de garder Nicolas pendant la nuit, elle accepte volontiers.
Mais quand, quelques heures plus tard, arrive Alexandre, elle apprend la mort d’Ada d’une embolie amniotique, en même temps que la naissance de Sophie.
Je ne sais pas ce qui est pire, perdre sa fille ou perdre sa femme, disait quelqu’un. Ou perdre sa mère... "
Elle va écouter Alexandre, devenir sa confidente, son amie, l’aider à admettre la mort de sa compagne. "La mort, la disparition, le remplacement, cette succession s’imposait."

Les mois passent, Sandra est toujours aussi présente mais refuse la place laissée vacante.
Alexandre rencontre Alba, professeure, quadragénaire au caractère affirmé qui sait qu’elle a été choisie pour occuper une place, le rôle de la mère disparue.

Cela aurait pu faire un roman intéressant et sensible, le cheminement de ce jeune papa veuf, soutenu par une femme convaincante dans ses prises de position. Les personnages de Sandra et d’Alexandre ainsi que les enfants, sont très (trop?) gentils, mais un peu trop parfaits aussi. Et je regrette de n’avoir pas compris la fin.
Malheureusement, ce roman donne plus l’impression de lire un essai, des dissertations sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié, la place des femmes, l’asservissement des mères dans une société, ou des thèmes plus récents, comme la GPA (gestation pour autrui) .
Peu de choses à ajouter à la critique d’Alma que je partage totalement.

Marvic - Normandie - 65 ans - 3 mai 2021